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mardi 25 septembre 2007

Hokkaido Tour : En chute libre vers Sapporo (10)

Sommaire

J16 (Wakkanai-Shibetsu) J17 (Shibetsu-Iwamizawa) J18 (Sapporo)


Jour 16 (23 sept) : Wakkanai 稚内 – 士別 Shibetsu (200 km)
ou "The 200 km day, pour de bon"




Je me réveille avant le lever du soleil, et c'est bien vrai qu'il fait beaucoup plus froid tout à coup. Cette journée a un goût de fin puisque c'est en quelque sorte le chemin du retour. Les plus beaux atouts d'Hokkaido sont sur la première diagonale, que j'avais déjà vue la première semaine. Pour la seconde je suis juste allé voir l'autre bout à Wakkanai et ses îles. Maintenant, je me rapproche du port d'Otaru et du ferry, en traversant en 3 jours cette grande île du nord au sud.

5h35, le soleil se lève par dessus le cap Soya, the northernmost du Japon


Je fais un petit tour du parc qui surplombe Wakkanai, et quitte la ville pour le sud.



氷雪の門, Hyosetsu-no-mon, porte symbolisant la glace et la neige


On voit très bien Sakhaline (Karafuto en japonais) ...


... qui est à une soixantaine de kilomètres



La route 106 longe la mer du Japon vers le sud, il n'y a presque aucun croisement et un feu tous les 30 km environ. On voit encore bien le mont Rishiri, qui au plus près est à 25 km de la côte.

利尻冨士, Rishiri-fuji ...


利尻冨士, Rishiri-fuji ...


利尻冨士, Rishiri-fuji ... Je pourrais sortir bientôt "Les 36 vues de Rishiri"



Voilà le 2ème parking inline que je vois. Il fait très sombre dedans, c'est super dangereux de s'arrêter et de marcher, et pourtant c'est fait pour



La marque du 45ème parallèle, qui passe aussi en gros, dans le sens du soleil, par Changchun, la mer d'Aral, Krasnodar, Belgrade, Turin, Bordeaux, Halifax, Ottawa, Minneapolis et Portland. Mais pour la même saison il fait clairement plus froid ici qu'en France



Une trentaine d'éoliennes alignées, produisant 50 millions de kWh par an, soit la consommation d'une ville de 13500 habitants






Peu après je bifurque à angle droit pour revenir dans les terres. Ca remonte le long de 天塩川, la rivière Teshio.



Le domaine skiable de 音威子府 Otoineppu, où je goûte les soba noires. C'est bon. Mais ça remplit pas. Le seico marto du coin, un des rares dans la région, refuse de prendre les déchets des articles achetés dans son propre magasin ! Alors que d'habitude un conbini permet de faire une pause délestage d'emballages. Là je dois me les trimballer jusqu'à une poubelle peu probable. 持ち帰りごみ en vélo c'est pas cool.


音威子府 Otoineppu



C'est dimanche et il n'y a personne sur les routes, pas un seul vélo, et ça se sent que les travaux sont arrêtés. Je goûte aussi des korokke (probablement du français "croquette", mais c'est meilleur de le prononcer en japonais) recommandés, dont kabocha-cheezu, c'est pas mauvais mais j'ai pas encore le réflexe de m'attendre à du kiri quand je vois écrit fromage quelque part.


Un pont rigolo



Finalement je garderai mon collant toute la journée, ça ne dépasse pas les 14 °C. Je n'ai aucune raison de m'arrêter longtemps, donc je finis vers 18h à 士別, Shibetsu, encore une ville en "-betsu", 20000 habitants mais ça paraît énorme vu la densité de population que j'ai croisé depuis Wakkanai. Il y a un onsen, 美し乃湯温泉, bien cher pour ce qu'il offre. Les casiers pour mettre les chaussures sont numérotées et je tombe devant le numéro 1000 et quelques, je me dis donc naturellement "on va se mettre dans la 1024". Mais il n'y a pas de 1024, ça saute de 1023 à 1025. En fait, tout nombre contenant un 4, quelque soit sa position, est sauté. En japonais, 4 s'écrit 四 qui se prononce "shi" comme 死 la mort, donc il fait un peu peur, au degré de pas prendre le risque de se faire opérer le 4 par exemple. Mais généralement quand même pas jusqu'à sauter le 4 dans les numéros d'étages et encore moins dans les numéros des casiers à chaussures. Le temps que je fasse le rapide constat, un employé, qui m'avait sûrement repéré dès l'entrée comme "client à problèmes", m'avait déjà sauté dessus pour m'expliquer comment on met des chaussures dans un casier.


Arrivée à Shibetsu, avec un beau franitaloponais. Bien fait pour Alessandro ...



Moitié prix, mais bien difficile à deviner la composition



Ils ont compris comment font les non-Japonais pour être grand et forts ... En dessous de la vache, on aperçoit les entrées hommes et femmes séparées pour l'onsen. Il y a d'ailleurs souvent des distributeurs de mini bouteilles de lait dans le salon de onsen à Hokkaido


Dedans, c'est moche, sauf le rotenburo avec un petit jardin, mais bon sans plus. Un jeune d'une trentaine d'années (+/- 10 ans comme marge de sécurité avec les Japonais) frotte le dos d'un papy (alors que personne n'utilise de gant, on a tous une longue serviette pour s'autofrotter le dos), ça me refait penser à l'onsen de Wakkanai, où 6 enfants étaient alignés pour frotter chacun leur tour le dos d'un vieux pas commode derrière moi. A part l'obéissance aveugle pour les personnes plus âgées, j'ai pas d'explication.

Je ne m'étais pas rendu compte jusqu'au décompte le soir, mais j'ai fini par passer la barre des 200 km aujourd'hui.




Jour 17 (24 sept) : Shibetsu 士別 – 岩見沢 Iwamizawa (136 km)




Je décide d'aller faire un tour à Sapporo pour voir à quoi ressemble une (grosse) ville à Hokkaido. En tous cas de loin ça ressemble bien à une ville dont les banlieues s'étalent jusqu'à très loin de long des grandes routes. Mon but est donc de la rejoindre en faisant le minimum de grandes routes possible. Le défi du matin est d'éviter 旭川 Asahikawa. A l'aller, j'y étais passé au sud, maintenant j'arrive par le nord, et je contourne par un petit col bien frais. J'ai ensuite 10 km en commun avec ce que j'avais fait au jour 2, sauf que cette fois je me fais pas avoir et je prends la piste cyclable sans tunnels le long de la rivière. Je me rachète un maïs au même カムイコタン (Kamuikotan) qui avait pris 50 yen avec la fin de saison.


L'appellation est justifiée. わぁ...っサム!(ndlr : 寒 = froid)



Plusieurs fois par jour, des stops-travaux



Le japonais n'étant pas bijectif pour R et L, VIVLE est probablement une double traduction de VIVRE



Près de カムイコタン, Kamuikotan



C'est la première fois que je vois un poster de recrutement pour l'armée (voir l'article 9). Si par contre ça veut dire qu'ils vont bientôt parler anglais, c'est une bonne nouvelle


Passé Asahikawa, c'est flagrant comme il fait bien plus chaud, mais je gagne dans le lot un sacré vent de face jusqu'à la fin. Il me faut prendre des petites routes parallèles au niveau de 砂川 Sunagawa et 奈井江 Naie, car la route principale est la plus longue ligne droite du Japon (29,2 km), et en plus peuplée de camions. Pour atteindre Sapporo, il y a le choix entre la 275 au nord et la 12 au nord-est, et moi j'essaye de passer au milieu avant qu'elles convergent. C'est encore la campagne et je me perds un peu pour trouver le seul onsen du coin, 北村温泉, Kitamura-onsen où le dîner n'est pas cher du tout et les bains corrects mais sans truc particulier. Je me trouve un 展望台 en face pour dormir tranquillement.





Jour 18 (25 sept) : Iwamizawa 岩見沢 – 恵庭 Eniwa (78 km)




Je me réveille perché sur mon 展望台 et les 80% de pluie annoncés par mon keitai concordent avec le temps maussade. Facile de préparer le petit-déj, le conbini est à 100m, et l'足湯 de l'onsen de la veille à 50m du conbini !



Mais tout à coup le ciel s'assombrit et commence à tonner. S'en suivent éclairs, pluie super forte et enfin gros grêlons. La cabane de l'abri bus n'est qu'à 30m environ mais je préfère des kilomètres sous un temps calme.


足湯, pour petit-déjeuner les pieds au chaud ...


... pendant que la grêle (les points blancs) et le vent renversent mon vélo


Ca semble mort pour le vélo aujourd'hui, mais après moins d'une heure le temps s'améliore et ça s'éclaircit comme s'il ne s'était rien passé. Il fait quand même gris, mais je vais a Sapporo, qui est une grande ville japonaise, et comme une grande ville japonaise c'est moche ça changera pas grand-chose.

Je réussis à faire des petites routes qui roulent bien jusqu'à 15 km de la ville, 25 km de la gare, où je prends le trottoir de la 275 sous une fine pluie. Je me réfugie dans des conbinis lorsque ça passe en mode rafale. J'en profite pour rechercher les trucs touristiques de Sapporo, mais il n'y a pas grand-chose. Je vais juste traverser la ville alors.


札幌, Sapporo


Il y a de belles rues larges avec trottoirs, mais presque pas de vélo, alors que Kyoto est tout étroite (notamment parce que la ville n'a pas subi de bombardements pendant la WW2 et donc qu'elle n'a pas pu se reconstruire en plus moderne et pratique) et blindée de vélos. Du coup les piétons de Sapporo ne savent pas qu'il faut avoir peur des vélos qui roulent dangereusement sur les trottoirs et leur laisser la priorité.

Je fais un tour dans la gare et le grand building à coté, dont le 10ème étage est à moitié rempli de ラーメン ramen. Sapporo est connue pour ses ラーメン, et même tout Hokkaido, car ils ont bel et bien pas le même goût.


Une miniville avec des minirails est recrée, et des ラーメン屋さん avec chacun sa spécialité. Il est 14h30 mais y'a quand même la queue, sauf à celui dont le 函館塩ラーメン (Hakodate) est la spécialité. Il a rien de spécial


JR Tower


Je quitte ensuite la gare pour aller vers la 時計台 Tokeidai, le monument emblème de Sapporo, celui qu'on ne doit pas louper si on visite la ville. J'avais lu avant par hasard sur le site de quirky japan (un excellent site) que c'est tout pourri, et en effet, c'est tout pourri. Mais c'est pas important, il faut faire une photo comme tout le monde (mais que le monde de passage, ceux en groupe avec des appareils à la main).


時計台 Tokeidai



Le centre-ville est coupé par un parc en bandes entre les buildings plutôt sympa, qui se termine inévitablement par une tour Eiffel bien moche pour copier les autres villes japonaises.



Pour le cœur de la ville. Intéressant ...


北海道はサッポロビール




Comme on est le 25, il me reste quelques jours avant la rentrée, et je décide de refaire un minitour de 3 jours au sud de Sapporo, surtout pour aller voir 2 éléments de géométrie parties intégrante du paysage japonais, un cône (羊蹄山, Yotei-zan) et un demi tore ouvert (i.e. un demi-donut) (洞爺湖, Toya-ko).


Un gros truc bizarre sur mon chemin, je le prends en photo au cas où. En effet, la bizarreté du Sapporo Dome est qu'il abrite un terrain de foot aéroglissant de 8300 tonnes



Encore 15 km de trottoir pour sortir de Sapporo par le sud, et je continue jusqu'à Eniwa 恵庭. C'est une petite ville juste avant 千歳 Chitose, qui héberge l'aéroport de Sapporo, le plus grand (par sa surface) du Japon, le premier à fonctionner 24h/24, qui fut le théâtre en 1999 d'un détournement d'avion (par un pirate de l'air avec une nationalité et des empruntes digitales japonaises), mais qui n'est que de 2nde classe.


Il y a un onsen à Eniwa, ラフォーレ (sûrement transcription de "La forêt"), pour seulement 380 yens, avec de la vraie eau de source, mais sans savon, mais avec un 寝風呂 au fond du 野天風呂 pour s'assoupir facilement. A la sortie, mon vélo fait flop flop flop, il ne réalisera pas l'exploit de faire le tour d'Hokkaido sans une crevaison, il y avait une grosse agrafe qui devait traîner sur le parking de l'onsen. En tous cas ça tombe bien que ça arrive à l'arrêt et de pleine lune.



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