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jeudi 25 septembre 2008

D'Oulan-Bator à Pékin, par Zamin-Uud et Erlian

Le train local 276, de Ulan-Bator à la frontière sinomongole, est de l'extérieur, comme le transmongolien. Mais à l'intérieur, il accueille 2 fois plus de passagers par wagon. Il y a des lits et des sièges, des numéros dédoublés, c'est confus mais on me confirme ma place sur une banquette avec un groupe de filles. Et en face de moi, un grand gars avec une longue scie. Le wagon est blindé.

Mon train 276 depuis le dernier wagon


Les 3 filles, Tungaa, et les sœurs Daria et Uka, parlent un peu anglais. Elles ont fait du russe jusqu'au bac, et anglais qu'à l'université, mais ca suffit pour causer un peu. On joue aux cartes, à leur jeu, puis je leur apprends le knack. Ca leur vient vite, puis je finis en finale avec Tungaa, que je remporte 31 sur 30,5, après une égalité en swimming. Elles font toutes bien plus que leur âge. Ou alors je suis trop habitué aux visages asiatiques CJK. Les Mongols ont un visage « asiatique », mais des pratiques, un comportement et une mode vestimentaire bien différents. D'après elles, les entreprises mongoles sont équipées de la dernière version piratée des softs, et tous les films sont disponibles en avance. Surement venus de Chine, vu le drama coréen de la TV mongole, sous-titré en chinois et doublé piètrement en mongol. Le grand frère d'une des filles travaille comme géologue en Mongolie pour Areva, comme quoi il n'y a pas que les USA qui exploitent le sous-sol mongol.

On se couche après un repas à 1500₮, mon estomac lançant des signaux de gargouillements suspects … Il n'y a pas de couchette pour tout le monde, vu que 3 places assises se transforment en 2 couchettes. C'est toutefois mieux que la 3ème classe Thaï (Khon Khen – Bangkok) assise. Il y a donc des gens qui dorment à 2 sur une couchette, des qui ne dorment pas, des qui dérangent les autres, mais je choisis une autre option, celle de dormir sur le porte-bagages à 30cm sous le toit du wagon. En espérant qu'il n'y aura pas de freinage brutal. Au début, j'avais pris cette place pour la 3ème couchette officielle, car les porte-bagages sont occupés quasiment dans tout le train.

Dans la peau d’une valise


Notre train ne s'arrête souvent, mais il ne doit pas aller vite pour autant, à juger les 5 heures requises pour rejoindre Choyr, une ville à environ 200 km d'UB. J'ai encore bien mal postérieur bien sensible à cause du cheval de la veille et sa selle en bois, et je m'endors avec des chaussettes très parfumées et en me retournant plein de fois. Je suis le seul non mongol-looking du wagon, peut-être du train …



Vendredi 26 Septembre

Après m'être fait contrôler mon billet plusieurs fois, je me réveille vers 6h au milieu du désert. Le soleil se lève lentement pour apparaître vers 6h30. On est à Zamin Uud, la ville frontière avec la Chine, à 7h. Les gens sortent du train en courant.

Lever de soleil dans le désert

Zamin Uud station



On m'avait prévenu que si on ne prend pas le train international, et qu'on joue à la locale, il faut courir pour sauter du train local dans une jeep qui fait passer les postes frontières, car il est interdit d'arriver à pied/vélo/moto en Chine.

Je prends mon temps pour descendre, reste un peu avec les 3 filles, la mère et la tante, en mesure de sécurité, avant d’apprendre qu'elles ne traverseront la frontière que dans l'après-midi. Je pars alors en direction du bus à 50 RMB, mais je me laisse happer par un gars qui doit compléter une voiture et qui me demande 80 RMB. Sabina m'avait dit qu'on pouvait faire confiance aux Mongols, mais pas aux Chinois. Je me retrouve donc serré à 6 dans une voiture, et on démarre. On passe un premier barrage étrangement facilement, à la sortie de Zamin Uud, alors que les autres jeeps font la queue. Nous voilà seuls sur une belle route bétonnée, comme il n'y en a pas souvent en Mongolie, en plein dans le désert. Il y a des poids-lourds arrêtés au milieu de la route. On les contourne, faisons marche arrière pour se coincer derrière 3 d'entre eux, à l'abri des regards extérieurs. Là, le chauffeur et le passeur nous pressent de sortir et nous font monter dans une autre jeep cachée au même endroit. On abandonne le chauffeur initial et on continue à 5 dans notre 2nde jeep, aux portes qui ne ferment pas. Je ne comprends rien (la 2nde jeep cachée entre des poids-lourds a tout d’un film) mais étant avec des dames (des grosses dames Mongoles) qui vont probablement faire du shopping en Chine, je me laisse aller en confiance.

No man’s land de sécurité entre les 2 frontières mongoles et chinoises

On est ensuite stoppés à un 2ème barrage où l'on attend 30 minutes. On nous laisse entrer alors les douanes mongoles. Les gens sortent des jeeps en courant, pour s'entasser dans 2 files d'attente, en remplissant les papiers de douane et d'immigration.

Barrage



Je me demande comment mes 31 jours passés sur le territoire mongol, au lieu des 30 autorisés par le visa, vont m'ennuyer au contrôle. Je redoute de me faire refouler juste à la sortie, pour remonter à UB pour demander une extension de visa pour pouvoir quitter la Mongolie. Je fais comme si de rien n'était et continue d'avancer. Le portique de détection ne fonctionne pas et on n'ouvre pas mon sac, c'est bon signe. Car il est apparemment interdit de sortir le moindre caillou du pays, qu'ils soient des souvenirs authentiques ou des faux. Une fois au passport check, je sais pas si c'est parce qu'ils sont cools, parce qu'ils s'en foutent ou si c'est encore leur légendaire inaptitude à compter, mais l'agent de l'immigration, tout en causant avec sa voisine, me fait un tampon sur mon visa indiquant une date avec 31 jours de plus que ma date d'arrivée et me laisse passer sans problèmes, je suis content.

La même jeep nous attend à la sortie du bâtiment, en zone neutre, et le passeur collecte ses sous en RMB (reminbi, la monnaie chinoise). Le bâtiment de l'immigration chinoise fait payer 5 RMB de frais d'entrée …

Comme c'est devenu l'habitude avec la Chine, les gardes me font attendre 10 minutes à l'écart, dans la pièce des contrôles, pour faire je-ne-sais-quoi avec mon passeport. Mais pas d'interview cette fois-ci, ils me mettent juste en retard. Je sors du bâtiment, et ouf ! La jeep m'attend. On file alors dans la ville d'Erlian (Eren Hot), carrée, aux larges routes, neuve, avec des pictogrammes plus familiers pour moi que l'écriture cyrillique du pays précédent. Et aussi avec des Chinois qui font pipi sur les murs.

Welcome to Erlian



Il me dépose avec une autre dame à la gare des bus, et repart sans me rendre ma monnaie, mais je suis bien assez satisfait de ma traversée pour lui demander. Il n'est que 8h30. Le Transmongolien, qui quitte Oulan-Bator 3 heures après le départ de mon train, arrivera ici à Erlian à 10h30.

Il y a ici aussi une copine de ma co-passage de frontière, qui tient un magasin. Une Mongole qui parle anglais et chinois. Elle me garde mon sac, m'aide à acheter mes tickets de bus (il est assez tôt pour prendre le 180 RMB day bus, pas le 15h 200 RMB night bus), et m'emmène en ville changer mes ₮ restants en RMB. Elle me laisse retourner seul à la gare, en prenant soin de m'arranger un rickshaw négocié pour 2 RMB. Le conducteur m'y ramène sans problèmes, mais il veut maintenant 20 RMB et persiste en me suivant partout. Me voilà dans le pays où il n'y a pas de quoi se sentir mal à mentir et voler … au moins, les Mongols, aussi rudes et sales soient-ils, ont un minimum de valeurs.


A Erlian en rickshaw


Gare d’Erlian

Un paquet de Haribo et une vidange d’acclimatation plus tard, c'est parti avec le bus de 10h30. Il est a moitié plein. A la sortie d'Erlian, on est de retour dans un environnement désertique. Il y a une centaine de dinosaures de chaque coté de la route, puis 2 sauropodes grandeur nature qui s'embrassent par-dessus la route (Erenhot est célèbre pour la découverte de dinosaures).

Dinosaures d’Erenhot



5,91 RMB pour 1 litre de gazole = 0,6€ pour 2008

En route pour Beijing


Le ciel est toujours bleu, mais le mal de bide qui se formait en moi me torture de l'intérieur, méchamment, me tordant de douleur. C'est dommage, je n'avais eu aucun problème pendant tout mon séjour en Mongolie. « Dead or Alive » en chinois sur la TV du bus n'y fait rien. Après une petite pause salvatrice, on arrive a Pékin à 20h30, mais dans une station de bus paumée vers le 4ème ring. Je monte dans un taxi pour trouver ma guesthouse, mais sans succès, car je suis à Beijing avec une nuit d'avance et je n'ai pas les contacts du Youth Hostel. Je descends à BeiXingQiao et commence ma recherche, qui se finit dans un autre endroit, le Lama YH pour 50 RMB. Je réserve rapidement une excursion pour le lendemain vers la Grande Muraille, pour profiter du voyage après 1,5 jour à changer de trains, bus, voitures …

Je pars tester mon estomac à peine remis à la "food street", remplie de restos. Au carrefour, je réalise la probabilité infime de tomber sur Manon, la Hollandaise qui courait après les moutons dans le parc de Terelj, près d'Ulaan-Bataar, qui nous avait surpris de se trouver là alors qu'on était coincés de l'autre coté de la rivière.


A mon retour, je prends une douche qui compte pour 3 jours. Au total, pour la même durée que le Transmongolien direct, mon trajet aura couté 33€, soit un tiers de son prix. Avec le confort en moins, mais les expériences en plus…


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut!!
Je voudrais faire le même itinéraire cet été mais quelqu'un vient de me dire que c'est presque impossible de passer de la Mongolie a la Chine sauf si on le fait dans le trans-mongolien. Vous aviez eu trop de problèmes avec la douane chine et leur visa??
Merci beaucoup!!:)

jb a dit…

C'est en effet plus facile avec le Transmongolien, car tous les touristes étrangers le prennent et la procédure des douanes/immigration est rodée.
Pas impossible du tout par le train normal et la route: c'est beaucoup moins cher, et du moment qu'il y a les visas valides dans le passport, ca marche normalement. C'est juste qu'on est un peu perdu car les Mongols et Chinois ont l'habitude du passage (voiture, prix, attente, astuces) et qu'il n'y a pas de panneaux pour dire quoi faire.
On m'a conseillé de suivre et de faire confiance aux Mongols. Et c'est bien passé. Je pense pas qu'il y ait de problème, au pire une perte de temps si on prend la "mauvaise" voiture (celle qui tarde a se remplir, celle ou le chauffeur est moins malin, etc). Mais c'est une experience !