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samedi 30 juin 2007

Juin

Un des week-ends derniers, on est allé à une exposition à Osaka, puis au Spa World, un grand complexe de 8 étages avec bains, piscines, restaurants, massages, fitness, qui prend 2000 yen l'entrée, mais juste 1000 en été. Mais après, la plupart des trucs dedans sont payants, même le plus grand des 2 toboggans de la piscine du 8ème étage coûte 2 € par ride. Sinon dans la piscine les gens sont pour certains en long shorts et T-shirts, d'autres mangent une glace juste au bord, c'est étonnant vu que d'habitude ils sont plutôt stricts sur l'hygiène.

Vu que y'a plein d'attractions payantes, de distributeurs de boissons et manger, on nous donne a l'entrée une clef-badge en bracelet qui permet de payer en la collant contre les machines. Puis à la sortie, une machine d'appoint avale le bracelet, et demande la somme correspondante pour imprimer un ticket qui permettra de passer les portes de sortie.
Vu que c'est aussi ouvert 24/24 et qu'il y a des grandes salles de relaxation ça revient à un hôtel-onsen pas cher du tout si on y reste la nuit.

Sur le toit, un rotenburo mixte nous permet de voir Osaka sous la petite pluie et dans des bulles. Mais les vrais bains sont séparés, il y a une zone Asie et une zone Europe, et ça tourne tous les mois. Les hommes avaient ce mois-ci la zone Europe, je me suis donc baigné au milieu de statues de guerriers romains ou de colonnes grecques, dans de l'eau au miel ou à la lavande... La partie Finlande était en fait 2 chalets sauna par infra rouge entourés d'eau froide.
Re-a propos de machines, il y en a une dans les toilettes qui sert les slippers. C'est une petite tour avec 2 compartiments qui sont des ascenseurs à slippers.




Des poissons comme ça dans l'aquarium qui borde le bain Atlantis




Dans le dernier train du retour à Kyoto, un gars saoul monte dans le train, puis s'effondre au sol. C'est pas exceptionnel, le chauffeur arrive peu après et essaye pendant 10 bonnes minutes de lui soutirer sa gare d'arrivée, mais l'autre est bien endormi et ne peut rien dire. Après que le chauffeur ait abandonné, le salaryman remet lentement ses chaussures, se relève, reprend lentement son sac, et se dirige vers la sortie dont les portes s'ouvrent juste au moment ou il voulait sortir. Après cet épisode de résurrection on s'est dit qu'ils sont super bien programmés et qu'ils louperont jamais leur gare quel que soit leur état.

Puis ont peut terminer la journée en passant à Kyoto devant le "restaurant méditerranéen" appelé "Normandie". A propos de pourquoi tous les japonais connaissent pour y être allé le mont Saint-michel, c'est que c'est un World Heritage de l'UNESCO et qu'ils jugent beaucoup par les titres ou classements comme ça. Sinon la boulangerie (donc française) près de chez moi n'avait pas de pain à 7h, pour cause de camion de livraison pas encore passé, bien joué.


Au labo, le super sensei a trouvé moyen de s'endormir pendant la présentation d'un des élèves (mais bon ca c'est normal), sauf qu'après il lui a fait plein de reproches. Puis quand c'est venu le tour de l'anglais de passer (en anglais), il a évidemment dit à tout le monde "free english conversation". Il est allé un peu plus loin en disant que pendant la guerre c'était interdit de parler anglais ("national folklore" sic), sauf que maintenant le Japon fait partie du monde et il faut parler anglais pour être amis avec les autres. Sinon pas de siège permanent au conseil de sécurité de l'ONU. (Ils doivent enrager de voir la Chine dedans alors qu'elle ne contribue que 10 fois moins au budget). Bref, moi j'ai échappé à la présentation, mais il faut que je me trouve une 4ème version de mon sujet de recherche. On m'a proposé Keepon, le robot pour remplacer les amis imaginaires des enfants Japonais :



Pour des robots pas interactifs, insensibles, mais qui dansent mieux, il y a Sony :





Un soir, on a assisté à une representation de Noh (ie le théâtre le plus lent du monde), mais là le performer était jeune et donc c'était bien plus captivant :

A noter que même les Japonais ne comprennent pas ces textes anciens

Sortie Arukukai : 二条城, Nijo, le fameux château de Kyoto ou il n'y a pas de château.
Mais par contre un superbe jardin :









神泉苑, Shinsen-en, qu'on avait déjà vu de nuit :






La petite salle pour la nomikai



Sortie Arukukai : 仁和寺, Ninna-ji, un temple dans l'ouest de Kyoto, près du Kinkaku-ji, où résidait un des fils de l'empereur.








Picnic au 御所, le palais impérial. C'est un immense espace de verdure dans Kyoto.



Des tortues impériales qui raffolent de pringles du 99shop



La vraie tortue de mon aquarium



Les pentes d'Higashiyama, où y'a plein de chemin à promenades ou footing ou VTT



Un petit exemple de franponais. Au 100 yen shop il y a une grande quantité de produits avec une traduction française dessus, alors que tout est probablement made in China.



Et pour finir, l'activité la plus représentative du Japonais en cours (voire après sa fin)
(mais comme "je dors en cours" = "j'ai trop travaillé la veille" et que travail = la plus belle des vertus, c'est tout normal)

lundi 25 juin 2007

Googling Kyoto

Dimanche dernier je suis allé faire un tour dans la montagne qui borde Kyoto à l'est, Higashiyama 東山 (littéralement la montagne à l'est, ils s'embêtent pas trop pour nommer les coins)(sauf peut-être pour raisons historiques : le district où j'habite, dans l'est de Kyoto, s'appelle district à gauche. La raison est qu'ici pour une raison ou pour un autre ou même pour rien il vaut mieux habiter face au sud. L'empereur, dans son palais au centre de Kyoto, face au sud, a donc nommé "gauche" la partie est de Kyoto). Il y a un sentier avec des centaines de ramifications appelé トレイル pour trail, qui semble aller de bien au sud, Fushimi Inari, jusqu'à bien au Nord, Hiei-zan. La partie à la hauteur de Kyoto, que je voulais faire, comprend les checkpoints de 20 à 50 environ. C'est bien indiqué, jusqu'à où je voulais arriver, où je me suis bien perdu. Donc en rentrant, j'ai regardé tout ça sur Google Earth et j'ai découvert que depuis le temps que je m'en suis pas servi il a bien évolué. Voilà donc des copies d'écran de Google Earth, pour une fois pas annotées sous Paint :


A part les trucs entourés et les temples éparpillés partout, c'est tout de Kyoto



Le trail path dans les montagnes



Je me suis retrouvé à la soucoupe volante en bas à droite. Sauf que de là je ne pouvais pas voir la ville. Les 2 marques oranges sont la gare (sud) et l'université (nord)

mardi 19 juin 2007

Tranche de vie

Voilà déjà 2 mois et demi du premier semestre qui se sont écoulés, et il ne reste plus qu'un mois. Je comprends pas grand-chose aux cours, j'y vais avec mon laptop, celui prêté par l'université, qui faisait office de traitement de texte – traducteur, jusqu'à ce que le disque dur lâche subitement il y a 2 semaines. Je devrais le récupérer bientôt.

Pour valider les cours, et gagner les 2 précieux crédits, la plupart requièrent de faire un rapport par prof. Donc au total 2 ou 3 rapports par cours. Ca peut être des questions, mais la plupart étant du genre "Prenez un sujet en relation avec le cours et écrivez", je sais pas trop ce qu'ils attendent. En tout cas ca me prend bien du temps de déchiffrer les polys. Et si j'ai le temps je réponds en japonais, ce qui n'est pas gagné pour eux. En effet, le japonais a grosso modo 3 niveaux de politesse pour la langue parlée, et pour l'écrit c'est encore une autre forme (que je ne maîtrise pas du tout) qu'il faut utiliser. Pour le truc qui m'a le plus étonné, c'est les élèves qui arrivent n'importe quand pendant le cours, même 10 minutes avant la fin, s'assoient et s'endorment. Ca arrive pour tous les cours et jamais un prof n'a fait de remarques.

Pour cet été, on peut facultativement faire un stage pour 2 crédits. Le stage doit faire au moins 2 semaines, et au maximum 2 mois car après c'est la rentrée. C'est donc trop court pour faire un vrai stage, mais la notion de stage est différente ici. On le fait 1 an avant de quitter le cursus scolaire. Il s'agit juste d'aller dans l'entreprise et de montrer qu'on est gentil et docile, dans la perspective de se faire embaucher en avril de l'année suivante. Car comme la rentrée scolaire, en avril, c'est la rentrée en entreprise, qui n'embauchent qu'en avril des fraîchement diplômés identiques sur des CV identiques (feuille standard trouvable chez le marchand de journaux) pour remplacer les vieux qui s'en vont. Peu importe le profil du futur employé ou le travail auquel on va être attaché, seules importent la bonne image de l'étudiant et la bonne santé de l'entreprise. Donc jusqu'à maintenant j'ai envoyé quelques candidatures non-conformes aux standards mais je suis pas pressé de trouver un stage, qui souvent demande de remplir un formulaire très chiant comme celui-ci, qui demande quels genre de crimes on a déjà commis. Pour les sites des entreprises qui ne proposent pas de formulaire en ligne, souvent il est bien précisé de ne pas envoyer son CV mais de remplir un fichier word à télécharger. Rien n'est laissé au hasard pour éviter d'avoir une personne déviante en face de soi. Avec la réponse "c'est pour faire comme tout le monde" qui explique la plupart des trucs illogiques et inutiles, on peut facilement reconstituer la société japonaise.



Le mois dernier, on est allé à l'hippodrome (競馬場) au sud de Kyoto, à environ 20 minutes de train. C'est au sud mais ça reste plus près que quand j'habitais super loin à Obaku. En omettant une fois où j'ai gagné 5 fois ma maigre mise de 100 yens, je suis pas revenu riche.



"Comme ça du mode", une marque très présente ici. En gros, pour faire un tee-shirt cool, il faut faire une phrase dans n'importe quelle langue avec des valeurs que la marque est censée représenter, la coller dans Google/Traduction automatique, exécuter l'algorithme avec toutes les langues proposées, en revenant à l'anglais ou au français à la fin. Puis on colle ça quelque part sur le T-shirt et on peut le vendre cher. Voilà un presque-contre-exemple :



Dans le métro, un gars devant moi avait son T-shirt intitulé "L'armée française, on peut compter sur la qualité", ou un autre à l'hippodrome, "life expectancy avarage". Dans les magasins de vêtements usés qui pullulent dans l'allée commerçante au centre de Kyoto, une grande partie des T-shirts portent l'emblème d'une université américaine. Je sais pas si ils les ont récupérés de là-bas où si ils les ont copiés (parce que la taille L me paraissait un peut trop petite pour venir des usa)

Un autre phénomène, c'est la peur du soleil. Même si les filles ultra-bronzées font parler d'elles, elles sont très minoritaires à Kyoto. Par contre, la peur de perdre sa peau blanche se voit plus facilement. Pour la plupart des mamies, elles ont des gants pour bien se protéger les bras, une ombrelle ou une sorte de masque pour souder. Tout comme les grains de riz, plus la peau est blanche mieux c'est.




Un jeu marrant qu'on peut faire ici, c'est "fille ou garçon ?", de dos ou de face, vu le nombre de jeans super moulants et de coiffures sophistiquées. Ce week-end on est allé dans le Maruyama-koen derrière Yasaka-jinja voir les hotaru (lucioles). J'ai loupé la courte saison, c'est aussi éphémère que les cerisiers en full bloom. Il y en avait un peu, mais pas autant qu'un lendemain de jour pluvieux, donc pas de "Tombeau des lucioles". En revenant par Gion, le quartier des soirées si on est japonais avec plein de sous, les jeunes avaient tous les cheveux longs et blonds (alors qu'il est parfaitement vrai que tous les japonais ont les cheveux très noirs). Heureusement au labo le style habituel est respecté, même la seule fille, qui a fait sa présentation mercredi dernier, a listé ses manga et ses jeux vidéo préférés. Sur la photo précédente le garçon est à droite.


A Hiei-zan, une photo de classe de déjà petits robots



Dans le train


Voilà du 100% japonais (pour la version semaine, il suffit de rajouter un costume et un uniforme). Dormir et pianoter sur son keitai (portable) sont bien les 2 activités principales dans les transports. Pour être qualifiée de kawaii, il faut avoir une ribambelle de trucs accrochés à son keitai et ressembler si possible aux personnages d'anime. Parmi les autres critères de beauté, on peut compter les oreilles décollées, les dents le plus en vrac possible, et marcher comme un pigeon (d'ailleurs sur la photo c'est surement une séance d'entraînement).


Photo prise dans un magasin de mode, le mannequin sur le poster a quand même un bel enfoncement des 2 incisives principales. Mais elle a pas les canines de vampire.




L'internet-café de Tottori, un standard : plein de box au centre, avec siège confortable et PC/TV, les murs tapissés de manga et DVD, une douche, et un coin café/glace/pop corn.




La technique d'illustration des vêtements déclinée pour おみやげ (omiyage), les cadeaux que l'on doit obligatoirement acheter pour sa famille/bureau/labo si on part en voyage plus loin que sa ville.


Onsen (le flou c'est la vapeur)


Un 温泉 (onsen) à Amanohashidate 天橋立. Un onsen est une source d'eau chaude naturelle. On les trouve aux pieds des montagnes. L'eau a des propriétés vertueuses et ils ont un décor relaxant. Il y a souvent un 野天風呂, rotenburo, un bain d'extérieur, qui s'intègre à la nature.
Comme il n'y avait personne j'ai pu prendre des photos au keitai.

On peut aussi voir des "onsen" loin des montagnes. Ce sont en fait des 銭湯 (sento), des bains publics classiques, utilisant l'eau courante chauffée, qui ont pris un décor d'onsen et utilisé le nom "onsen" car il n'y a pas de régulation sur l'utilisation du nom.
Ce qui est dommage à Kyoto, c'est que bien qu'entouré de montagnes, le seul vrai onsen est à Kurama, à une heure au nord, et très cher.

Pendant la semaine que mon chauffe-eau était cassé, pour changer des douches froides, j'ai testé le sento près de mon immeuble. Il est tout petit et prend 390 yens, mais on se sent quand même bien mieux après un sauna et un bain aux fleurs.


Véhicule de campagne


Le principe d'une campagne électorale : imprégner le nom du candidat dans la mémoire de tous les passants. Il y a donc plein de camionnettes qui sillonnent la ville même à des horaires indécents, et avec leurs puissants haut-parleurs font résonner le nom entre les bâtiments. En version plus énervante encore, c'est s'il y a des piétons proches, la dame au micro dit "merci enchanté merci enchanté …" à tous les passants, fait des coucous, complimente les gens, etc.

Pendant les élections, les Japonais on regretté que Chirac, apprécié ici car il aimait le Japon, soit remplacé par Sarkozy, très connu aussi pour avoir critiqué le sumo de "combats de types obèses aux chignons gominés" (alors que les lesdits types obèses sont très très respectés). Ils se sont peut-être rassurés en le voyant saoul à la télé.

Un croisement aux 3 combinis


Les combinis (= convinience store), magasins de tout, ouvert 24h/24, vendent grosso modo la même chose au même prix dans toutes les chaînes. Cette photo est prise depuis le parking d'un Lawson, la plus grande chaîne. Au croisement, on distingue un サークルK à gauche et un 7/11 à droite. Il manque un Family Mart et on aurait toute la collection.


Le mois dernier j'ai acheté un VTT pour 1000 yens à un voisin, qui malgré son cadenas a disparu de devant mon immeuble. Encore plus surprenant, il a réapparu la semaine suivante, sans cadenas mais a peu près intact. D'après le proprio, c'est la faute aux 中学生, les collégiens. On les connaissait déjà pour tuer les SDF qui dorment dans les parcs (ça doit être la prise de conscience de l'unité japonaise par l'élimination de toute déviance), pour se pousser au suicide entre eux (苛める子供, le fait que dans les collèges, il y a une grande compétition et les élèves se mettent une pression supplémentaire entre eux. Mais dans une interview à la télé, ils expliquaient que c'était juste pour le fun que certains poussaient les plus faibles au suicide)(A ce propos, les suicidaires se jettent souvent sur les lignes de train, malgré que les compagnies chargent ensuite la famille d'une somme astronomique en dédommagement), et ben maintenant ils me piquent mon vélo pour s'amuser. Apparemment c'est juste une période critique, après ils deviennent sage. Ca pourrait être vrai si on prend l'exemple du jeune de 17 ans, qui le mois dernier après avoir décapité sa mère est bien allé se dénoncer au poste de police.


Et en vrac, je me suis trouvé un bureau en bois, ma chambre est complète maintenant, bien qu'ayant récupéré des meubles d'endroits différents le résultat est homogène. A Kyoto il commence à faire super chaud. L'air conditionné devient obligatoire et les tongs s'imposent. Le mois de juin est traditionnellement consacré à la saison des pluies, "non-stop pendant des jours", mais j'ai encore rien vu de tout ça. Je suis allé aussi voir 二条城, le château de Kyoto, que j'avais déjà vu de nuit pour les light-up des cerisiers mais pas encore de jour. Le jardin est très grand et calme, et ce n'est qu'à la fin du tour que j'ai réalisé que ce château n'existe plus, ça n'est en fait qu'un grand jardin avec une ruine au milieu.
Blogger a un nouveau système pour poster des vidéos, alors j'ai mis à jour les anciens posts contenant une vidéo, ce qui a surement emmêlé les fils rss et atom. Pour voir les vidéos correctement, il vaut bien sûr mieux utiliser Firefox que IE.



Le 花見, picnic sous les cerisiers début avril. Ici au bord de 鴨川, Kamogawa, la rivière qui traverse Kyoto




Ici à Osaka, 桜ノ宮, Sakuranomiya





Des magasins dans Gion



Le sanctuaire 松尾大社, Matsuo-taisha, dans l'Ouest de Kyoto en dessous d'Arashiyama


豊国廟, au sud de Kyoto, près de Sanjusan-gendo. Il y a 489 marches de pierre pour arriver au sommet. A part ça je sais pas trop ce que c'est ...



Et voilà pour le cryptodire en question :




(L'exécution du iexplore c'était pour vérifier ma connexion, la fibre optique a tendance à ne pas supporter les clients et de temps en temps ça lâche. Enfin c'est le peu que j'ai pu comprendre au téléphone parmi des tonnes de keigo et des excuses pour commencer et terminer chaque phrase).

Taue - 田植え

植える signifie "planter". Ce samedi était organisé par les étudiants de la 農学部, la graduate school d'agriculture (qui occupe tout le campus nord) un plantage de riz traditionnel. Pour cela il fallait se rendre à Takatsuki, une station de train entre Kyoto et Osaka. On peut pas trop appeler ça ville ou village, vu que les maisons s'étalent en continu sur les 40 minutes de train qui séparent les 2 grandes villes. Enfin selon l'appellation japonaise c'est une ville. Donc ici, il y a un centre d'expérimentations de l'université pour faire pousser des trucs.




D'ailleurs, l'université doit être bien riche, vu que le centre est juste à coté des 2 stations des 2 compagnies de train (i.e. ce qui fait le prix du terrain), et qu'en plus Takatsuki est une des rares stations entre Kyoto et Osaka ou l'express s'arrête (i.e. ce qui fait le prix du terrain très cher). Ils ont aussi des observatoires autour de Kyoto, même un à Tottori, et j'ai vu a l'instant dans une brochure qu'il y a aussi des experimental stations un peu partout dans le sud du Japon.

Donc le matin, on prend les pousses de riz, 苗 (nae) qui sont en pot (qui sont en fait de grandes plaques en plastique), on les sépare brin-à-brin, on enlève la terre des petites racines, et on en fait un bouquet. Pour cela on prend une écorce de bambou et on fait un nœud spécial pour pouvoir le délier en un clin d'œil. On a fait ça pendant à peu près 1h, pendant laquelle j'ai discuté avec mon voisin, doctorant en mauvaises herbes, et j'ai eu ma dose de vocabulaire spécialisé. Puis on balance tous les bouquets dans le champ, dont le kanji est assez descriptif pour une rizière, 田.



Après avoir mangé son bento (boite-repas) à l'ombre (parce que j'ai quand même bien bronzé), on repart l'après-midi pour le plantage.

La centaine d'étudiants que nous étions se répartit sur toute la largeur des 2 champs à planter, les pieds dans la boue. Il y a à peu près 10 cm de boue et 10 cm d'eau, qui ne s'en va pas grâce à du sol imperméable en dessous (hé non, je comprends pas les noms du vocabulaire pas courant). Il y a aussi un grand fil sur toute la longueur, avec des marques rouges tous les 30 cm. On marche à reculons en plantant 2 ou 3 brins (2, car un seul, s'il meurt, ça ferait un trou. 3, évidemment pour 念のため) sous chaque marque et à mi chemin entre la marque et la même marque quand le fil était dans sa position précédente. Il y a des gens qui font avancer le fil tous les 50 cm. Donc on recule sur les 50 mètres du champ en se penchant 100 fois pour planter des brins tous les 25 cm. On était très nombreux, donc j'avais 2 marques rouges à planter. Quand on a plus de brins en main, on se retourne et on va ramasser un bouquet qui traîne dans le champ. Et normalement ça donne un quadrillage parfait.


Une photo d'une année précédente probablement

(Page officielle)


Le champ d'à coté, avec des pousses déjà bien grandes


Dans l'ancien temps (quand il n'y avait pas la viande, les produits laitiers, et tout ce qui fait grandir les japonais du nouveau temps) on mangeait 6 bols de riz (= 6 x 180g) par jour, soit 400 kg de riz par an. De nos jours, c'est 60 kg par an en moyenne. Avec 10 ares (1 km²), on est capable de produire 600 kg de riz (= ¥30万 = 2000 euros) par an (le riz japonicus, c'est 1 récolte par an, contrairement à 2 ou 3 en Asie du Sud Est. Comme ils mangent tout, ils ne peuvent pas l'exporter, et sont même obligés d'en importer. Mais c'est évidemment, c'est le seul riz qui permette au chef de faire ses sushis).

Avec nos 2 champs, pour un total de 0,2 hectares, on a donc 1,2 tonne de riz en préparation.


Après la courte plantation (1h environ à 100 pers), on a commencé la nomikai à 15h, avec des asperges (vertes et croquantes) et tomates expérimentales, et du poulet qui lui ne devait pas venir du même centre. On nous a demandé comment on disait "asparagus" en anglais, comme s'ils ne savaient pas que les mots japonais qui ne sonnent pas japonais ne sont pas d'origine japonaise et pour la plupart anglais, à part pain (à prononcer panne), buffet, parfait, Mont Saint-michel et Comme ça du mode.

Puis un autre prof est venu nous causer, aux 2 étrangers, d'un des 1001 paradoxes des japonais, l'anglais langue étrangère. La plupart des gens ici vénèrent les native english speakers, voire n'importe quel étranger car il est naturellement américain donc/ou fluent en english. Tous, que ce soit parce que parler anglais ici c'est aussi classe que d'avoir un kanji en tatoo sur l'épaule en France, ou accessoirement pour rendre ses publications scientifiques accessibles au monde entier, veulent parler anglais (parce que c'est vrai qu'ils sont vraiment très mauvais, au point de me dire que je peux parler anglais) et on voit très souvent des pubs pour des sociétés de cours d'anglais, dans lesquelles on se fait embaucher dès qu'on dit être native english speaker (et pour avoir vu des japonais enseignant l'anglais, c'est peut-être mieux d'aller là pour éviter d'apprendre par erreur à l'école une néo-langue morte). Ils ont aussi les cours d'anglais pour enfants, ce qui est après tout normal, vu qu'au collège et lycée la plupart des élève ont des cours supplémentaires appelés juku, 塾, cours privés de la sortie de l'école à très tard le soir pour s'assurer que les petits japonais n'ont bien aucun temps libre pour les habituer à leur future vie au Japon. Mais ce que je trouve bizarre (même si après tout c'est le Japon), c'est les classes d'anglais pour 0-3 ans. Là, la présence d'un distributeur automatique d'œufs au bord de la route paraît toute naturelle.
Pour en revenir au prof qui nous causait, il est arrivé à nous dire de dizaines de manières différentes que la présence d'étudiants étrangers sur le campus (notamment du programme KUINEP, une année parfois gratuite à Kyoto pour étudier la langue et la culture) c'était pour donner aux japonais l'occasion de parler anglais. Par contre il dit que ça marche pas du tout (en effet), car d'une part les japonais préfèrent rester entre eux, et d'autre part ils sont timides et n'iront pas d'eux-mêmes parler à ces english automatic teller machines. Du coup la seule solution viable devient l'année d'échange ailleurs, une fois surmonté le cap de not(japan) = danger.


Comme le Japon c'est le pays du train, voilà la ligne Hankyuu, la compagnie la moins chère pour relier Kyoto à Osaka



Comme le Japon c'est aussi le pays des fils éléctriques ...



Quand il n'y eût plus rien à manger il est allé nous montrer ce qui fait que l'activité d'aujourd'hui est juste cérémoniale, les machines. Une qui plante les graines pour fabriquer les plaquettes de plants de riz (faite pour être opérée par exactement 2 personnes, le papy et la mamie), un tracteur léger spécial pour planter les plants régulièrement dans la rizière, et le récolteur de riz. Tous les producteurs ont ces 3 machines. Avec la machine à planter, on fait en 1h – 1h30 nos deux champs du jour, soit exactement 1 machine = 100 personnes. Avec les engrais et trucs chimiques de nos jours, 1 seul passage par an est nécessaire, ce qui rend le travail dans les champs de plutôt cool. Par contre, avec la moyenne de 0,5 hectare par producteur, il n'est pas possible d'en vivre, d'où la diversification des activités, ou bien la naissance d'entreprises qui possèdent des grandes terres, où chaque fermier devient (sic) un "salaryman des campagnes"



Le soir, en rentrant du supermarché, je suis monté sur le toit de mon immeuble (il y a des escaliers pour ça).