Revenir à l'accueil ou voir la liste de tous les posts

mercredi 31 décembre 2008

Zapping 2008

Nous voilà arrivés à la fin de l'année. A la même manière que Rubrique-à-brac et Tranche de vie (Lauzier est d'ailleurs mort le 6 décembre 2008), je rassemble ici tous les petits évènements qui ne font pas partie d'un voyage ou d'une excursion touristique, mais qui font la vie de tous les jours à Kyoto.

Et aussi parce que, dans une ennuyeuse rigueur japonaise, 2008 est une copie conforme de l'année 2007, et je n'ai pas refait des posts pour chaque évènement qui se répète, sauf si j'ai eu des meilleures photos. D'où la présence de quelques brèves en provenance de www.japantoday.com et www.aujourdhuilejapon.com, 2 sites de news insolites à ne pas prendre au sérieux, pour égayer ce zapping 2008.



  • Décembre 2007

L'année 2007 se termine avec un énorme Daft Punk à Kobe


Vidéo prise avec mon téléphone portable, dont la qualité peut endommager des tympans



Noël au Japon, on le voit pas arriver. Et comme tout le monde travaille les 24, 25 et 26, il est très facile de ne pas le voir passer non plus. Comme les Japonais ne sont pas très chrétiens, ni vraiment croyants, ça ne dérange pas grand monde. Cela dit, j'ai trouvé où était Noël à Kyoto ...

(indice : sur la tête de quelqu'un ...)




  • Janvier 2008

De retour de Corée, on commence l'année par une bonne nouvelle : le Cafe Independants a de la ratatouille à son menu. Ca va nous changer du kimchi. Mais c'était sans compter sur le talent des Japonais à tourner en ridicule les plats de cuisine étrangère.

Une ratatouille. Bilan : éviter les mets français s'ils sont tarifés à un prix raisonnable (pour un vrai plat)


Le feu de 三条川端 Sanjo-Kawabata. Rouge, mais vert pour aller tout droit ou pour tourner. Un peu comme ça


A propos de feux de signalisation, on m'a appris que ça n'existe pas en France, parce que toutes les routes sont en boucle, "comme autour de l'arc de triomphe".


Entre en-ville et chez moi, la rivière 鴨川 Kamogawa et sa faune pas farouche


Justice à Osaka


Busy P et Justice





  • Février

J'ai mes derniers rapports à rendre et derniers tests à réviser. Ca se passe bien, donc je valide tous mes crédits de Master après 1 an. Je pourrai donc consacrer la seconde année (d'avril à février 2009) entièrement à la thèse.
J'obtiens mon JLPT (Japanese Language Proficiency Test) niveau 2, qui sanctionne ma maîtrise "avancée" du japonais.

Par contre, au labo, c'est pas la joie. En research meeting, le grand manitou ne peut s'empêcher de démonter les élèves après quelques slides sur leur recherche. Et il conclut par "申し訳ないが、みんなヘタ" (Pardon, mais vous êtes tous nuls). Ca promet pour la suite ...

Enfin, c'est les vacances ! Je pars à Taïwan !

Et pendant ce temps là, les Japonais récupèrent





  • Mars


C'est encore théoriquement les vacances. Je pars faire la Thaïlande (du nord) à vélo.


  • Avril

C'est la rentrée. Voici les chiffres des étudiants étrangers à l'université de Kyoto (Mai 2007) :












1Chine495
2Corée197
3Taiwan63
4Thaïlande52
5Indonésie37
6Vietnam35
7France, USA25
9Malaisie
20
10Philippines18

Les européens ne représentent que 10%, soit 0,5% du total des étudiants de l'université.


Pendant ce temps là, les gens du monde du travail continuent leurs activités déstressantes. "Le tueur de tulipes était un salaryman !"


Des écoliers posent devant 清水寺 Kiyomizu-dera, surement pour un voyage scolaire


Et voilà ce que ça donne si on s'approche trop près : Equipe de foot féminine - classe de terminale. C'est mystérieux, mais les Japonaises ont une période entre 10 et 20 ans (voire plus si elles entrent dans une université prestigieuse) ou elles passeraient pour des gars (de labo d'informatique par exemple).

De mon coté, je m'inscris au cours de business japanese. On y apprend comment répondre à un client au téléphone ou comment demander un truc à son chef. Et ben c'est une toute nouvelle langue, avec des phrases bien plus longues et sans valeur sémantique. Par ailleurs, la prof nous raconte que ceux qui étudient le japonais à l'étranger commencent par et se limitent aux formes です-ます, un niveau respectueux. Mais les potentiels amis Japonais ne le savent pas et ne tiltent pas pourquoi on ne parle pas dans une langue plus relaxée, ce qui freine l'intimité des relations.




  • Mai

En mai, meurs comme il te plaît. On me fait l'explication du mot 不運 [fuun] : c'est l'histoire vraie d'une personne qui veut se suicider en sautant du toit d'un grand magasin. Mais il tombe sur un passant qui meurt sous le choc. Le sauteur, lui, reste en vie. Ben ca c'est 不運 (malchance).

Il y a aussi l'histoire du gars qui se suicide en sautant d'un shinkansen de la ligne Tokaido. Bilan : 44 trains retardés, dont certains jusqu'à 3 heures. Mais en parler risquerait de fâcher les milliers d'usagers qui avaient autre chose à faire. Et pourtant, le retard moyen des trains JR se compte toujours en secondes sur les doigts d'une main.

De notre coté, avec Seung-Hee on va faire des montagnes russes à Universal Studios Japan, à Osaka


D'autres tentent de nous imiter, dans des conditions plus réalistes. "Une Japonaise retrouvée pendue sur un vol de Korean Air".


A Kurama, c'est le festival secret de la pleine lune. Exceptionnellement, on peut visiter les sous-sols du temple



Interlude Tradition Japon Histrion : "Un suicide contagieux".


Dans les montagnes d'Arashiyama, petite visite au Monkey Park Iwatayama


Et pendant ce temps là, ... (Blague à part, on dirait Dominique Pinon, non ?)


Trop bu ou trop travaillé, on ne saura jamais. "Doublement des cas de suicides au Japon dus au surmenage".





  • Juin

Lors du Gifu Vélo Trip, un membre des SMAP fait les couvertures. A propos de TV japonaise, Wikipedia [en] a un bon article qui décrit les タレント ce qu'on peut apprendre/s'abrutir en la regardant.


Dominique de Villepin, possiblement en fuite, vient faire un discours dans la salle de conférence de l'université de Kyoto [20 juin 2008], sur les challenges linguistiques d'un monde multipolaire. Ca n'était pas qu'une bonne excuse pour éviter la sieste du research meeting hebdomadaire, puisque la salle a pu apprécier ses talents d'orateur. Il parle super bien et avec des mots et références super compliquées aussi. L'interprète des oreillettes et les autres orateurs (globalement les Japonais sont assez mauvais pour faire des présentations)(à part quand ils ont des autocollants et des maquettes pour expliquer tout et n'importe quoi à la sauce Fred et Jamy) ont du souffrir.

Petite escapade nocturne dans les cimetières


Fin juin, c'est censé être la 梅雨 saison des pluies. En fait il ne pleut pas trop, mais par contre il fait super 蒸し暑い chaud et humide. Je transpire tout le temps et suis toujours fatigué. L'air est lourd.

Comme TV, la météo japonaise annonce le temps qu'il devrait faire et pas le temps qu'il fait/fera


Vivement les vacances.





  • Juillet

Le sommet du G8 est au Japon, au 洞爺湖 lac Toya d'Hokkaido. C'est où j'étais en vélo 10 mois plus tôt. Le Japon en profite pour ressortir ses anciennes histoires coloniales : "Incident diplomatique: Tokyo revendique les îles Kouriles sur le site du G8". Les présidents et ministres passent aussi par Kyoto, et la ville déborde de policiers. A chaque croisement, même d'une petite rue, il y en a au moins un. Ca créé un climat malsain. Je me fait siffler en rentrant tard du labo pour avoir traversé à un feu rouge pour les piétons à un croisement désert, c'est tout ce qu'ils ont récolté.

L'écran de commande du Kappa Sushi qui fait apporter les sushis sans intervention humaine plante et redémarre sous Windows CE



Au mois de Juillet, à 祇園 Gion, les gens s'affairent pour construire les 山鉾 chars du Gion Matsuri. Cette année, je tire celui de Shimada-san dans une petite rue surpeuplée. Photos et vidéos à Gion Matsuri 2007.




Une quantité impressionnante de déchets accompagne toujours les festivals


La vie des Japonais suit son cours. "Il perd son chien, passe une annonce et gagne un ulcère".


Dîner dans un izakaya qui a la classe


Rilakkuma, super kawaii, à Teramachi/Shinkyogyoku. Mais Stardust c'est quand même mieux





  • Août

C'est le mois des festivals de feux d'artifice (花火大会 [hanabi taikai]). Comme il n'y a pas de 14 juillet pour faire ça, c'est tous les week-ends. Les différentes organisations se font la compétition à qui lancera le plus de fusées et affichent fièrement sur les calendriers le nombre de 発. Ils peuvent durer de 1 à 2 heures, rassemblent des centaines de milliers de spectateurs de toute la région. Ils font aussi payer dans les 30 euros la place de luxe sans barrières ni fils électriques.

PL花火 (plus de 100000 fusées (avec comptage douteux) et 300000 spectateurs), à 1 heure d'Osaka. Ce sont les hanabi de la secte PL Kyodan, encore une autre secte japonaise très riche (qui a une branche à Paris)



En gare d'Otsu, pour le びわ湖大花火大会 Biwako Hanabi Taikai (10000 fusées, 350000 spectateurs). Un bel enchaînement de feux sur le lac Biwa, avec même des fusées qui explosent en forme de poisson



Festivals d'été encore, Summersonic à Osaka, avec re-Justice, Fatboy Slim et The Prodigy


Et re-vidéo anti-tympans



En revenant de SummerSonic à Osaka, on s'arrête à Nara voir なら燈花会 Tokae, des dizaines de milliers de lanternes allumées dans le grand parc de Nara



Rendez-vous annuel de Kyoto, le 五山送り火 ou 大文字焼き Daimonji-yaki, ou 5 montagnes qui encerclent Kyoto allument un feu d'une forme particulière. J'ai suivi ふて sur le toit du NTT building qui l'offre gratuitement dans une procédure traditionnelle de consolidation des relations entre les entreprises et les voisins particuliers. Comme quand au shipyard ils offraient des cadeaux aux habitants de l'île.

De ce bon point de vue, on aperçoit 4 des 5 montagnes en feu.

舟形, le bateau


Le 大 du 大文字山



Et c'est enfin les vraies vacances. Je prends le large pour la Chine ...




  • Septembre

Je suis toujours en Mongolie et c'est chouette.

Pendant ce temps là, "Le Japon vieillit et la couche-culotte pour adulte a son défilé de mode".





  • Octobre

Retour à Kyoto et je n'ai déjà plus de temps pour faire mes recherches. Il va falloir booster jusqu'à la fin et arrêter les activités non laboratoriesques. C'est vrai que je dois honorer le haut niveau de la recherche au Japon. "Des Japonais affirment avoir trouvé des empreintes du yéti dans l'Himalaya".

C'est comme la canfiture


Plan diabolique des agences de voyages pour donner au Japonais l'occasion de visiter TOUTE l'Europe en 12 jours pendant les vacances les plus longues de sa vie. Voilà qui explique leur très haute fréquence de prises de photos.


Mais même si c'est court, il vaut mieux qu'ils partent en vacances plutôt que de devenir cinglés. "A 36 ans, elle veut tuer ses parents plutôt que ranger sa chambre".

Ma chambre se doit d'être bien rangée pour contenir 14 parapluies et des gros futons pour l'hiver. D'ailleurs, le propriétaire a installé un nouveau détecteur de fumée dans ma chambre. Je ne l'ai aperçu qu'au moment ou en faisant bouillir de l'eau, une voix féminine agressive est sortie de nulle part pour répéter "Danger ! Danger ! Ouvrez une fenêtre ! ". J'ai cru un moment que j'étais surveillé. Heureusement que ça pouvait se débrancher. C'était réglé tout juste pour avertir quand les gyoza sont dorés à point.






  • Novembre

On se fait refouler au cours d'une ballade nocturne à l'entrée de 知恩院 Chion-in. Il me semble qu'avant c'était possible d'aller profiter du calme des certains temples dans leur cour d'entrée, mais maintenant c'est gardé.

Preuve que les Japonais font exprès de traduire leur japonais dans le plus misérable anglais possible. Pour "拝観時間は終了しました", Google Translate donne "Admission time has ended"


"Un parc d'attraction invite les petits Japonais dans le monde des adultes". Le monde des adultes, il semble en effet plus rigolo que la prison sociale du monde des enfants : "Un Japonais déverse des coléoptères dans le train pour effrayer les passagères".


三条川端 Sanjo-Kawabata, là même ou le feu et rouge et vert en même temps. Les policiers vérifient les lampes des vélos, leur numéro immatriculation, et probablement l'état d'ébriété des gens un samedi soir. Amendes à partir de 50000 yen


Moi, je suis toujours en mode 160 heures au labo


Voici un extrait de mail typique que j'ai reçu un vendredi soir : "I want to check your experimental data and idea for them in Sunday evening to discuss richly. がんばりましょう!", un mail qui transforme un week-end en une course contre la montre. Hé oui, dans le dictionnaire, "がんばる gambaru、がんばって gambatte" veut dire "courage !", mais en vrai, ça veut dire plutôt "tu vas en chier et compte pas sur moi, niark niark". Il faut toujours se méfier des gens qui disent "gambatte!", surtout quand c'est des chefs.


Et en bonus, parce que le monde des adultes c'est un peu une supercherie, voici comment paraître les 18 ans écervelés d'une idol malgré ses 33 ans






  • Décembre
Le yen monte ! De 170 yen pour un euro, on passe rapidement à moins de 120. Ce phénomène du yen fort s'appelle 円高 [entaka]. Dans les news, ça parle beaucoup des problèmes que ça pose à l'exportation. Mais dans la vie de tous les jours, l'entaka, ca veut dire que les trucs étrangers généralement chers sont abordables. Donc les pubs fleurissent pour faire acheter tous les produits importés.

"Menu spécial yen fort" : un steak de bœuf australien



Evidemment, tous ces efforts, ça fatigue


A l'université, je continue mon boulot, dont une grosse partie est consacrée à la rectification de mon nom sur les documents officiels. Avec 3 prénoms dont 2 composés, pour des Japonais qui n'en ont qu'un en 2 (rarement 1 ou 3) caractères, c'est compliqué. A la fin, je ne sais plus quoi leur dire, s'il faut des virgules entre mes prénoms ou pas, s'ils doivent être devant le nom de famille ou après, ...

Pareil pour la paperasse administrative, le fait d'être étranger et étudiant boursier me retire des tas de droits tout simples. Pour avoir le droit de faire payer des sujets d'expérience, je dois trimbaler mon passeport au bureau d'immigration avec un certificat de l'université comme quoi je travaille bien. Pour avoir un working permit au Japon, il faut remplir le questionnaire révélateur du gouvernement. Domaine du travail ? 1-translation-interpretation, 2-language teaching, 3-autre. Mais de toute façon, ma banque (la très pratique et laxiste 新生銀行) n'est pas sur la bonne liste de confiance de l'université. Pire, mon nom n'est même pas écrit en katakana sur la carte de retrait. Finalement l'affaire est abandonnée.

La boucle de 2008 est bouclée. Noël est revenu dans les magasins

mercredi 17 décembre 2008

Les maiko de Kyoto (2)

Voilà un post complètement entre tradition et modernité qui fait suite à celui sur les maiko de l'année dernière, car j'ai de l'information et des photos supplémentaires.

En effet, au cours du dîner l'autre soir, Shimada-san, artisan de père en fils au même endroit depuis 5 générations, nous a raconté une expérience maiko du point de vue du client local et fortuné. Pour passer une soirée agréable en compagnie d'une de ces apprenties geisha, il en coûte 200000 yen les 2 heures. C'est un petit salaire mensuel, taxes déduites, que bon nombre de Japonais doivent toucher. Donc tout ça pour s'amuser, boire, et se faire occuper par une maiko, qui joue avec ses clients à des jeux traditionnels, par exemple avec des rôles de chat et de tigre (mais ça j'ai pas tout compris).
En cas de petite soif, le thé est facturé 5000 yen. Et je suppose que quel que soit le montant de la facture, le client va toujours payer sans discuter …

Au labo


Mais le prix exorbitant n'est sans doute pas la plus grande barrière pour accéder à ces services particuliers. La règle – comme bien souvent à Kyoto – qui consiste à refuser les clients qui se présentent pour la première fois est de vigueur. Ca doit faire bizarre de se présenter là-bas en sachant qu'on ne va pas pouvoir rentrer. Et bien sûr, on ne peut pas rentrer tout seul, il faut être introduit par un habitué. Ce sont des barrières pour s'assurer de l'authenticité du visiteur et de lui faire mériter la confiance qu'il se verra accorder plus tard. C'est bien dommage car cette rigidité est aussi présente dans tout plein de situations banales de la vie de tous les jours, rendant le Japon accessible minuscule comparé au Japon réel.

Mais ce n'est pas encore aussi simplement que l'on obtient la confiance (hem, en plus ici c'est juste le droit d'aller dépenser son argent) des mama-san des maisons de thé. D'après l'histoire de Shimada-san, un habitué avait introduit un nouveau dans une maison. Mais pour les 3 fois suivantes lorsque ce nouveau s'est rendu seul, la note a été envoyée (on ne paye pas sur place, la note arrive quelques jours plus tard) à l'habitué. Ca n'est qu'au bout de la 4ème fois que le nouveau est suffisamment honorable pour recevoir la note dans sa boîte aux lettres.

Echange de cartes de visite pour commencer une bonne coopération


C'est un peu comme ça le business à la japonaise, qui préfère de loin les connaissances et les semblables aux "extérieurs", aussi connus ou fortunés soit-ils. Et quand on en vient à 祇園 Gion, le quartier qui condense la tradition de Kyoto, il ne faut pas aller bien loin pour se retrouver "à l'extérieur". Ca peut simplement être Japonais et local, mais descendant d'une famille pas locale. Parmi les anecdotes récentes, l'ancien premier ministre du Japon s'est fait refusé l'entrée à l'un des restaurants. Alors bien sûr, quand Michelin a essayé d'y faire son guide gastronomique, ils ont du constater que les "vendeurs de pneus étrangers" ne sont pas accueillis chaleureusement non plus. Bienvenue dans le Japon qui est fier d'utiliser des mots et des caractères que même le commun des Japonais ne peut pas déchiffrer, et qui compte en générations plutôt qu'en années.

Mais d'un autre coté, il est tout-à-fait possible d'approcher des maiko, gratuitement en se postant stratégiquement à 花見小路通り aux bons horaires pour une photo, ou en payant un petit peu (comparé aux tarifs cités plus haut) pour une bière, un repas ou une visite. Sûrement que plus on s'éloigne de l'office du tourisme, et plus on peut avoir une expérience secrète …






Aujourd'hui, 17 décembre, c'est le fossé intersidéral et interculturel entre tradition et modernité qui m'a apporté ces 2 舞妓 maiko. Comme 2 ans plus tôt à mon arrivée, où je ne parlais pas grand-chose de japonais, les gens de mon labo ont invité 2 maiko-san pour produire des vidéos 3D sur lesquelles ils pourront faire tourner leur algorithmes de compression.

Je viens de finir une expérience sur les machines de l'installation voisine et apprenant la chose sur le tard, je décide de rester un peu plus longtemps en reléguant le repas du midi à plus tard.

Elles arrivent avec un monsieur tout froid en costume noir. Elles échangent leur carte de visite, déchaussent leur sabots et pénètrent dans le décor, sous la vigilance du monsieur tout froid en costume noir.



Explications du système de 15 caméras qui vont les filmer en simultané



Et pendant qu'on les regarde sur les écrans de contrôle, les maiko exécutent une danse synchronisée.

Après leur passage en même temps, elles doivent recommencer, mais une par une. Celle qui n'est pas dans l'arène verte est alors au bureau, près du monsieur, à essuyer les gouttes de transpiration qui payent pour sa danse dans un habit pas pratique et dans un espace clos et trop chaud. Bref, elle est juste devant nous à ne rien faire. Les autres profs et chercheurs sont soit aux caméras, soit ils ont trouvé un truc à faire de dernière minute à l'autre bout de la salle. Il n'y a donc que nous les 3 étrangers devant la maiko, comme si les Japonais étaient timides, ne veulent pas leur causer car c'est pas inclus dans le contrat et ça rajouterait un gros supplément, ou simplement parce qu'ils s'en foutent. Mais c'est pourtant pas tous les jours qu'une telle situation se présente.



Alors j'attaque la maiko jaune avec mes questions impolies et déplacées, puisque de toute façon on est en dehors de la rigidité des traditions. Alors pour commencer, elle à 17 ans. Toutes les maiko, apprenties geiko, ont entre 15 et 20 ans. Ca doit être les rares Japonaises qui font pas plus jeune que leur âge, mais si on ne peut pas tellement dire qu'elles font plus âgées avec leur visage et expressions faciales qui n'ont pas grand chose de vivant. Après leur période d'apprentissage, elles deviennent donc 芸子 geiko (= geisha). A ce moment, elles changent, elles mettent une perruque, et des habits différents, sans les manches longues qui tombent sous les bras.

Il y a un peu plus d'une centaine de maiko à Kyoto, mais la plupart n'y sont pas originaire. Elle, est d'Osaka. Son gros sac, il est rempli de produits de maquillage et il pèse bien lourd. Il y a aussi des figurines qui pendent comme celles qui pendent par dizaines aux téléphones portables des jeunes Japonaises (de toutes les Japonaises en fait, vu que leur âge mental n'est qu'une homothétie de rapport 1/3 de leur âge réel).



Ce qui m'a toujours intrigué, c'est de savoir si une fois l'habit de travail retiré, les maiko perdent toute leur splendeur et leur respect pour devenir les équivalentes d'écolières moyennes et vont aux purikura, ou si elles restent des gens spéciaux et intéressants ("高校生" c'est lycéen/enne, mais attention, ne pas le taper dans Google Images avec le SafeSearch désactivé (et c'est même pas 女子高生)).

Il paraît qu'un œil averti peut reconnaître une maiko/geiko habillée "en civil" dans la rue à sa démarche professionnellement déformée. Je lui demande si elle sort, mais elle fait une sorte de grimace et le monsieur tout froid en costume noir fait une croix avec les bras. "Non, pas de temps libre". Toutes ses activités (travail et études) sont organisées pour elle. A partir de geiko, elles ont un petit peu de temps libre …

Si je pose des questions inhabituelles (autres que "combien de temps ça prend pour le maquillage ?"), elle se tourne vers son chef qui donne son accord ou qui répond à sa place. Une fois de plus, pas moyen de discuter d'autre chose que du temps, des fleurs ou d'anecdotes futiles.


Alors la première maiko bleue a fini le tournage de sa dance et elle laisse sa place à la maiko jaune. On continue donc la discussion avec 冨久君 Fuku Kimi, elle aussi d'Osaka. Elles sont toutes les 2 de 宮川町 Miyagawa-cho, un des 5 districts à Maiko (voir premier post). Elle parle un peu anglais, mais au besoin elle a un traducteur qui l'accompagne. Elle me surprend en disant que la moitié de ses clients durant l'automne étaient étrangers. Une fois, elle a du parler avec ses mains et en pointant des photos. Une autre anecdote, elle a l'habitude de se faire encercler par des appareils photos de touristes et être condamnée à fuir (ce qui ne m'étonne pas), mais une fois, dans une foule d'au moins 30 personnes, elle a du courir. Et avec ses semelles renforcées (okobo) de 10 cm, elle a inévitablement chuté. Mais un étranger l'a aidé à se relever et elle a apprécié.

La maiko jaune ressort et avant de partir, on demande à faire une petite séance photo. Le monsieur froid en costume noir donne son accord alors on en profite.

Comparatif du raffinement de nos tenues traditionnelles respectives (sur un beau fond d'escabeau)

画像クレジット:高井さん

冨久君 Fuku Kimi nous remet aussi sa 名刺 [meishi] carte de visite, en version autocollante.

Cartes de visite de maiko. Au centre, 冨久君, la maiko bleue, et 宮川町, le nom de son district. A gauche et à droite, les meishi des maiko de l'année dernière, à 先斗町


Les maiko repartent au moment où on se fait livrer 3 grands écrans plats Panasonic Viera 40 pouces, qui vont rejoindre le 65 pouces de 80 kg. La raison ? "お金を使う...".

dimanche 14 décembre 2008

Arashiyama Hanatoro

Décembre est aussi le mois du 嵐山花灯路 Arashiyama Hanatoro, au nord-ouest de Kyoto. Cette année, j'ai été moins surpris par le spectacle que l'année dernière. Mais ça reste une chouette ballade de routine.

Pleine lune au dessus du 比叡山 mont Hiei


Statues en face du temple 宝厳院 Hogon-in


Séquence accélérée des éclairages psychédéliques à 法輪寺 Horin-ji




Plus de photos : Voir Kyoto Arashiyama 花灯路 2007