Revenir à l'accueil ou voir la liste de tous les posts

dimanche 26 août 2007

Eté - Stage chez Sharp

J'ai mis d'un coup toutes les photos que j'ai prises depuis début-août. Les vacances au Japon entre les 2 semestres sont au mois d'août et de septembre. J'ai fini le mois de juillet avec tous les rapports, puis une semaine dans la préfecture d'Ishikawa, puis une autre dans celle de Yamaguchi, un tour sur l'île de Miyajima, puis des coups de soleils, puis une deuxième fois l'ascension du Fuji-san (qui n'a rien à voir avec celle de l'année dernière, avec un vrai lever du soleil cette fois). Que du beau temps tout le temps, malgré un typhon qui a fait des inondations au sud.


Au milieu des "vacances" scolaires, 2 mois pendant lesquels les cours s'arrêtent mais les gens vont quand même au labo, je fais 2 semaines de stage chez Sharp, ceux qui sont sur le maillot de Manchester de Cantona et aussi qui font les grands écrans LCD Aquos. D'ailleurs LCD en japonais ne se dit pas elshidi mais 液晶.

Le principe de l'internship au Japon est déjà particulier. Il ne s'agit pas du tout d'apprendre des trucs, car tous les Japonais doivent être exactement pareils et tout neufs à la sortie d'université. Il ne dure que 2 semaines pour faire une visite de l'entreprise, voir comment est l'ambiance, et être sage et poli en vue de se faire embaucher l'année d'après En théorie il n'y a qu'un stage par personne et par vie, qui se fait les vacances d'été 1 an avant le diplôme. Sauf si on fait un master, on peut avoir l'occasion d'en faire en B3 et M1. J'avais rempli en bon japonais les formulaires de quelques entreprises, étais allé à 2 entretiens juste comme ça vu que j'étais censé être déjà pris, mais finalement je l'ai pas été, ni aux entretiens, et Sharp était les seul à me prendre. De toutes façons, ça n'apporte rien à la boîte, qui préfère des Japonais tous frais sur lesquels ils pourront imprimer le code de l'entreprise jusqu'à la retraite, et qui sait très bien que les étrangers sont des gens étranges qui feront pas ce qu'on leur dit.

Finalement je survis aux paperasses japonaises, j'emporte des habits de rechange et mon pyjama comme ils le demandent, et je pars pour 天理 Tenri, à 15 mn de train au sud de Nara, ville bien connue pour le tourisme mais qui n'est juste qu'un bout de campagne à 1h et qq à l'est de Kyoto et Osaka. Je choisis d'être dans le dortoir pour ne pas me taper 3h de transport par jour. Après tout c'est rigolo quand c'est pas pour toute la vie. Je dois donc faire mon entrée dans le dortoir la veille au soir.

Même si le site préconise de descendre de train à Tenri puis de prendre un bus jusqu'à un arrêt mystère près de l'autoroute, je suis Google Earth en descendant à l'arrêt d'avant, bien plus près, et en marchant vers l'est. L'arrêt d'avant, Ichinomoto est déjà un beau taudis avec ni humain ni machine pour me faire payer. Puis une fois le train reparti, il faut tout noir, étrange pour une gare JR, d'habitude entourée de combinis et des seuls magasins pour un village. Il n'y a rien que des petites maisons. Je commence quand même à marcher vers l'est, sans trace de panneaux Sharp ni plus de lumières. Après avoir passé une route, un petit-bois et un petit champ de riz, je vois enfin au loin dans le ciel un SHARP lumineux, l'usine de Tenri.

J'arrive au dortoir en même temps qu'une fille qui, en 2ème question, me demande si j'aime les animés. Evidemment ses copains français sont tous otaku. Je suis pour une fois traité comme tout le monde. On m'indique ma chambre, au 4ème étage du bâtiment qui en compte 10. Et ce n'est pas le seul, il y a aussi des autres dortoirs, et aussi pour les familles. Avec un petit marchand ouvert jusqu'à 23h, un bar et un coiffeur, on peut passer toute sa vie dans le même km².

Ma chambre ressemble à celle d'Oshima. Un lit avec un oreiller fait de cailloux, un bureau et une armoire. Et un air conditionné tout neuf marqué Sharp, comme les caisses enregistreuses de la cantine. Il n'y a qu'un seul bain pour les 10 étages, mais super grand, avec de l'eau chaude 24h/24. En y sortant, j'ai droit à un phénomène bien japonais, 3 personnes qui causaient et qui se taisent dès qu'ils m'aperçoivent. Puis qui commencent à chuchoter, puis l'un d'entre eux montre aux 2 autres qu'il est fort en anglais en me lançant un "hallo", au moment où la porte d'ascenseur se referme pour être sûr qu'il n'aura pas à décrypter une éventuelle réponse. Comme quoi les gens du dortoir ne doivent pas sortir souvent.

Mercredi, premier jour, après lecture et signage de papiers (dont un qui explique les différences entre l'université et l'entreprise : étudier pour soi / relations horizontales / payer ses études  travailler pour tous / relations verticales / recevoir un salaire, et plein de trucs rigolos), la quinzaine de stagiaires à droit à une visite du hall historique de Sharp. Tout commence en 1912 lorsque 早川 徳次 Hayakawa Tokuji, vend des crayons, et en 1915 des portemines (le "sharp pencil"). Au fur et à mesure qu'on avance dans le hall, on voit que Sharp s'est mis à faire des trucs sans rapport. Après les crayons, on passe directement à des récepteurs radio (à 60 yens), des radios un peu plus sophistiquées, des calculatrices (dont la première calculatrice parlante), des fours, des microordinateurs, des frigos (dont un modèle avec les portes qui s'ouvrent des 2 cotés), des téléphones portables qui se pivotent pour regarder la TV, des écrans LCD, des panneaux solaires pour satellites, etc. Les trucs dont ils sont fiers maintenant, c'est d'équiper en écrans les Nintendo DS et le nouvel Apple iPhone.

Dans un second hall, plus scientifique, on peut observer au microscope les circuits dans les écrans LCD, faire un test d'une caméras de surveillance 360° qui envoie l'image sur un téléphone portable, et faire une séance de cinéma sur grand écran avec son 3D, grâce à 2 extraits bien ridicules, Jack Sparrow et un poulpe géant, et Superman qui arrête un avion dans un stade de base-ball.

Puis le responsable vient chercher son stagiaire, et je suis emmené au 4ème étage du départements LSI où se fait le design des puces à mettre dans les écrans, par Matsuyama-san qui peut faire des vagues de bave bien dense au fond de sa bouche quand il parle. J'ai un bureau au fond de la grande salle en open-space avec 2 PC Dell et écrans Sharp, et je ne ferai rien du reste de la journée car mon thème n'est pas encore bien décidé.

Les 2 jours suivants, je me suis amusé avec Perl et des petits exercices, car c'est ce langage qu'on utilise pour faire ce que je vais devoir avoir à faire s'ils se décident un jour.

En causant avec 2 autres stagiaires (qui n'avaient jamais vu de français avant, habitant pourtant Tokyo et Osaka, et à la Nihon University de Tokyo, la plus grande du pays, 100000 élèves (il était pas sûr, mais wikipedia donne 70000 undergraduates)), ils m'expliquent un peu une vision non-exhaustive des entreprises. Il y a d'abord Toyota, Sony et Canon, qui n'embauchent que les meilleurs étudiants. Puis Panasonic et Sharp, qui recrutent un peu plus large. Avec pour différence que le géant Panasonic (Matsushita) a pour objectif de produire en masse avec ses 330000 employés, alors que Sharp préfère innover et faire de la qualité avec seulement 50000 employés. Puis viennent Toshiba et Fujitsu, qui ont une mauvaise image de travail dur et bas salaires.

Je retourne au dortoir ce soir.

Sinon, la semaine dernière on est allé à Osaka. Pour refaire le spaworld, ce grand complexe piscine/onsen, qui fait son entrée à 1000 yens pour l'été. Sauf que devant l'entrée, il y avait déjà une immense queue qui tortillait avec des gamins et des trucs gonflables pour rentrer. Je dirais bien 60m par 6 rangées de gens agglutinés. Donc on a fait un tour dans les magasins, et en s'éloignant on se retrouve dans ce qui semble être denden-town, le quartier des trucs éléctriques, un petit akihabara.



C'est flagrant comme ici ordinateur rime avec manga dans une vague d'otaku-ism :



Avec même des salons de thé avec des uniformes entre les magasins d'appareils photos, dont les maid font la pub dans la rue :




Mais cette évolution se fait toujours en préservant les traditions


Je voulais m'acheter une SD card 1 go pour mon appareil photo, mais finalement pour le même prix de 1990 yens (13 euros), j'ai eu une micro SD 1 go, que je peux utiliser à la fois que mon appareil photo et mon téléphone portable. J'ai vu aussi des packs de 10 DVD-R pour 300 yen, et dans un 100 yen shop, on trouve pour 100 yen évidemment, 1 DVD-R, 2 CD-R, et le must, 3 disquettes 3'5 ...



samedi 18 août 2007

Lever du soleil au Mont Fuji

La Trilogie Fuji-san
1. Le Mont Fuji2. Lever du soleil au Mont Fuji3. Le retour du Fuji





L'ascension de l'année dernière était assez catastrophique et j'avais envie de le regrimper pour enfin voir ce lever du soleil du haut des 3776m de la plus haute montagne du Japon. On part le soir, grimpe la nuit, regarde le lever du soleil, et redescend le matin.



Le 富士山, Fuji-san, se situe dans la préfecture de Shizuoka, à moins d'une heure de Shinkansen de Tokyo. Mais on s'y rend en train local avec le seijun 18 kippu, ce qui nous fait partir de Kyoto avant 9h du matin. Le train local c'est aussi celui qui ne pardonne pas dans des régions où la fréquence n'est pas super, et il faut bien prévoir son itinéraire avant, ou faire comme de nombreux voyageurs, se trimballer le book des horaires du pays, qui ressemble fortement à un annuaire téléphonique. Pour chopper la dernière navette de 17h qui va au pied de la montagne, le métro critique part à 8h45, et nous voilà déjà plus que 3.


Un train par jour


Arrivée à la station de Gotemba, un des départs possibles pour l'ascension. Il y a plusieurs routes. Celle qu'on choisit, Subashiri, 須走, est pas très fréquentée et pas trop dure. Je m'en souvenais plus mais c'est la même qu'on avait fait l'année dernière avec un temps merdique. Au moins là il devrait faire beau toute la nuit.


File pour le bus qui va au pied de la route Subashiri, au 5ème anneau. On est au Japon, donc même les volcans sont parfaitement coniques et on peut les échelonner en anneaux, le 1 étant la mer, le 10 le sommet. Les routes piétons-only commencent au 5ème.


Arrivée au pied, des nuages restent coincés au sommet. Il fait frais alors pas possible de le monter en short de bain.




Le départ, avec des gens qui veulent absolument nous vendre des trucs inuiles comme un tsue pour marcher. Il y en a avec le drapeau des USA, car juste en bas il y a une base de l'US army et les américains le grimpent en nombre. A partir d'ici, tous ce qu'on emporte devra être redescendu, y'a pas de poubelles nulle part.


Départ à 18h45. On a beaucoup de marge pour prendre notre temps, il fait encore tiède, alt. 2000m



Dans la brume, les plantes poussent sur le sol volcanique




20h20 : Arrivée au 六合目, le 6ème anneau. Il y a des bancs pour se reposer dehors, et une hutte pour se reposer dedans pour 500 yens ou faire pipi pour 200 yen. Mais tout le monde transpire.




Après le 6ème anneau, on quitte les sous-bois, le sol n'est plus que des graviers volcaniques



En chemin on s'arrête pour regarder les étoiles car le ciel est bien dégagé, les étoiles filantes, ou s'endormir un peu. Durant la montée, on aperçoit les stations suivantes qui scintillent dans le noir




22h15,  七合目, 7ème anneau



23h55 : 本七合目, sorte de numéro 7bis. C'est le piège de la montée, il y a les #合目 et les 本#合目, peut-être les stations d'autrefois.



En payant le prix fort, si on ne peut pas tout faire de nuit, on peut monter la moitié de jour, dormir dans les cabanes quelques heures, et repartir avant le lever du soleil. Mais la montée de jour doit être affreusement torride.


1h10 : On arrive au 本八合目, le 8bis-ième anneau.


Les chiffres sont les minutes pour rejoindre les toilettes les plus proches


A ce niveau, on rejoint la route populaire, au pied de laquelle on peut arriver en bus directement depuis le centre de Tokyo. C'est donc peuplé de vieux, vu que c'est les seuls à avoir du temps libre et qu'en plus ils représentent la majorité de la population, donc qui voyagent en groupe. Il y a donc des guides (qui pour une fois n'agitent pas de petit drapeau rouge) qui crient bien fort. Les gens ont tous un bon équipement de montagne alors que la montée ressemble plus à une promenade qui grimpe un peu. Pourtant il paraît que seul un quart des partants arrivent à la fin.


Les premiers groupes commencent à zigzaguer vers le sommet



2h00 : Le chemin devient étroit, il y a tellement de monde qu'il faut se suivre. En se retournant, on voit la file qui part de la station 8 où on était 1h plus tôt. Il y a un vent super froid, l'oxygène se raréfie et ça se sent un peu, et on respire de la poussière volcanique


3h20 : On arrive enfin au sommet !




3h40 : Après avoir un peu doublé dans la queue, on a une place au chaud. On prend un ramen à 800 yen, c'est pas énormément cher pour un "restaurant" (bien que ce soit un cup ramen à 100 yen au combini)


4h15 : en regardant au dehors de l'auberge, le fond du ciel s'éclaircit ! Pourtant, il reste 1 heure avant le lever du soleil



4h22 : les gens bloqués dans la montée sont nombreux. C'est pas possible de prendre une photo correcte, mais on aperçoit en même temps, les lumières des grimpeurs en bas, le tapis de nuages gris qui recouvre tout autour de nous, l'horizon que l'on voit jaunir petit à petit, quelques fins nuages qui reflètent par leur dessous le rouge du soleil, un bleu ciel très net comme en plein jour, mais juste sur une fine bande, puis le ciel de la nuit, avec ses étoiles. Aucune des photos que j'ai pris ne reflètent la réalité, c'est comme s'il y avait des couleurs éclatantes accolées que l'appareil ne peut pas photographier en même temps.





4h40 : On ne sait toujours pas d'où va sortir le soleil. Les couleurs changent sans cesse entre chaque coup d'oeil


4h45 : les gens sont tassés sur l'arrête du cratère


4h50 : Ca fait 30 minutes qu'on se dit que le soleil va sortir dans un instant




5h06



5h07 : on voit le soleil monter. Il fait jour presque tout d'un coup, un jour auquel on était plus habitués après avoir regardé dans le noir pendant toute la nuit



5h10, c'est fini

Lever du soleil depuis le sommet du Mont Fuji


On commence à être entouré d'un ciel bleu et d'un sol de nuages blancs, tout semble tout grand


5h35, ça bouchonne dans l'artère principale, les grimpeurs continuent à affluer ...


... et il y a toujours une bonne réserve derrière




Le nouveau sol blanc qui donne envie d'être parcouru



De l'autre coté, le cratère. Le vrai sommet du Fuji-san est en fait de l'autre coté du cratère, là où on aperçoit l'observatoire. Le tour prend environ 1h30.


Le chemin le long du tour



8h10 : Le vrai sommet à 3776 mètres


On aperçoit de la verdure en bas, totalement absente au sommet


Il y a un peu de glace qui fond au fond du cratère


Puis on entame la redescente. C'est sur un chemin différent, très large. C'est très pénible de marcher dans du gros sable qui rentre quand même dans les chaussures. Et dans les poumons aussi. Mais on est toujours sous un ciel bleu uniforme et au dessus de la mer de nuage, 雲海.


10h20


Descente du Mont Fuji


10h40 : La descente va très vite



Entrée dans les nuages que l'on peut attraper


Mais elle semble affreusement longue. A partir du moment où on rentre dans les nuages, le chemin est tout droit, on croit le voir jusqu'en bas (=très loin), mais il continue toujours plus loin. Enfin on entend une petite musique ... qui n'est qu'un autre piège, un marchand de boissons 30 minutes avant le bus.

On arrive enfin crevés à 12h30 au bus. Il reste ensuite un après-midi de train tale-cul, et on arrive à Kyoto peu avant 23h. Il reste 1 heure pour aller au sento prendre un bon bain avec bulles et sauna, et se laver les cheveux durcis par le sable qui s'est fixé dedans.