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lundi 26 mars 2007

Pèlerinage Shikoku - Kochi-ken

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Jour 3 (T23 à T26, 122 km)



Me voilà tout frais et propre pour un nouveau départ. Avec 内田さん on se rend au temple pour 6h, puis on déjeune en recausant sur les problèmes du Japon, il est bavard mais je me suis fait à son accent qui coupe la fin des mots et qui colle des sons bizarres partout. Puis je quitte ce village pour 78 km de côte d'océan sans temple. Mais après seulement 10 km, je me fais interpeller par une sorte de checkpoint avec un papy comptable et des mamies serveuses de thé et café. Ces gens là sont 6 jours sur 7 sous le même chapiteau le long du 遍路道, de mars à novembre. Ils recensent les pèlerins, enfin ceux qu'ils peuvent, c'est-à-dire les piétons et vélos. Ils m'annoncent que je suis le premier étranger de l'année, sur la dizaine qui défile habituellement tous les ans. Je remplis le livre des 遍路 et j'ai accès aux statistiques. Les 60 et 50 ans représentent la grande majorité des marcheurs, suivis des 20 ans. Pour la plupart, ils viennent de Tokyo et Osaka. C'est pas étonnant, vu qu'une fois l'université quittée le salaryman Japonais n'a que quelques misérables jours de congés jusqu'à sa retraite (et ils n'utilisent pas 40% de leur congés payés, d'après le textbook de japonais, pour diverses raisons qui découlent du caractère sacré de l'entreprise). En même temps, un couple de marcheurs de Toyota, ville de 500.000 hab. environ, anciennement appelée Koromo, renommée en 1959 du nom du constructeur automobile qui y est implanté, et jumelée avec Detroit. Ils me causent 2 minutes, et finissent sans transition sur un "tu connais l'article 9 de la constitution ?", celui qui stipule que le Japon ne fera plus jamais la guerre. J'étais au courant vu que j'avais eu un exposé le matin même, mais c'est quand même louche de parler de guerre à ce rythme. Sur le coup je me suis demandé s'il s'était pas passé un truc grave pendant que je pédalais. La grande route et le chemin piéton sont les mêmes jusqu'au T27, le long de laquelle je double les marcheurs par paquets de 10 ou 15, surement suivant la ville où ils ont dormi. J'entre dans la préfecture de Kochi, qui s'étend sur presque toute la longueur de Shikoku.

Je longe les plages et l'eau verte jusqu'au cap Muroto, 室戸岬, la corne qu'on remarque facilement sur la carte. Il y a là le T24, 最御崎寺, Hotsumisaki-ji, à la pointe si on oublie la traditionnelle montée bien pentue pour y arriver.


En arrivant vers le cap Muroto


Une statue géante de 弘法大師




Un petit sanctuaire dans une grotte


Ledit cap


Je continue et décide d'aller jusqu'au T27, mon objectif, 神峯寺, Konomine-ji. Il est à 4 km à l'intérieur du pays. Il est tard mais il fait encore jour. Les quelques 歩き遍路 en 野宿 commencent à occuper les cabanes d'arrêts de bus. Je pars vers le temple, mais la montée et très rude et je ne peux que pousser le vélo pendant plus d'une heure, pour arriver au temple qui à l'air joli. Je vais dormir à la grande tour, du haut de laquelle on aperçoit les lumières jusqu'à très loin le long de la côte grâce à des lunettes gratuites superpuissantes.


Le T25, 津照寺, Shinsho-ji


La malédiction des 3/4 derniers kilomètres : il faut toujours qu'il y ait une montagne pour percher le temple. La tour qu'on aperçoit au loin est juste un point de vue, mais le temple y est à 700m.




Jour 4 (T27 à T33, 94 km)



Le temps qui se dégradait hier se n'est pas amélioré, il pleuvinera/pleuvra toute la journée. Je peux voir au grand jour le beau jardin de 神峯寺.

Le matin au T27, 神峯寺


Du temple, on a une vue sur toute la vallée et la mer, mais impossible d'apercevoir le temple de loin




Comme quoi il y a bien des combinis sur Shikoku, et même plein. Les Lawson sont de loin les plus nombreux, dont en voilà un exemplaire étrange, tout orange. Il y a aussi beaucoup de スリーエフ, des combinis que je n'ai vu que sur Shikoku, qui font des bons gros onigiris à 200 yens avec un gros poulet dedans.



T31, 竹林寺, Chikurin-ji et sa grande pagode

? ...


T32, 禅師峰寺, Zenjibu-ji



T33, 雪蹊寺, Sekkei-ji, où j'arrive quand le moine nettoie le bruloir à encens


C'est une journée qui ne passe pas vite, car je me suis perdu à quasiment tous les temples, et me retrouve le soir bien loin de ce que j'espérais. J'ai traversé Kochi, la capitale de la préfecture, rien d'exceptionnel. Arrivé le soir près du T34, 種間寺, Tanema-ji, je pose la question classique à une passante sur l'onsen le plus proche. Elle me dit qu'il y en à un tout près, inévitable. Je réussis quand même à aller trop loin, avant d'apercevoir sous les nuages une petite colline de laquelle s'échappe une fumée attirante. L'entrée est chère à 900 yens, mais les bains sont bien grands et presque naturels, dont un tout en grosses roches avec une petite grotte. Il y a aussi des lits massants et des jets, tout ce qu'il faut pour se réparer, et des sèche-cheveux pour les habits.


Jour 5 (T34 à T37, 133 km)



Je quitte la périphérie de Kochi pour la deuxième corne de Shikoku, vers le sud-ouest. Le beau temps est revenu. Pour rejoindre le T37, il y a une vingtaine de kilomètres de côte faisable, dans les montagnes avec plein de tunnels pas très surs. Le long de la route, je double un marcheur qui avait décidé de ne pas prendre le chemin piéton, trop difficile. Je crois que ça a été la seule personne à ne pas me demander si j'étais américain dans ses 2 premières questions. C'est parce qu'il m'a demandé si je fumais, il avait plus de tabac et était au milieu des montagnes un peu nulle part. Mais sinon, on m'a toujours demandé d'où je venais et/ou si j'étais américain, questions qui sont vite devenues chiantes. On remarque d'un coup d'œil et de loin qui n'est pas Japonais (donc forcément américain fluent en anglais). D'ailleurs, pour les rares japonais qui n'y ressemblent pas, ça doit être invivable de se faire répondre en anglais même en posant une question en japonais. C'est pareil pour l'inverse aussi, je me suis retrouvé une fois à un guichet avec quelqu'un qui a l'air japonais mais qui ne l'est pas et qui ne parle pas très bien. Alors que c'était moi qui parlais, l'employé s'efforçait de répondre et de questionner la personne apparemment japonaise même si elle ne parlait pas. Enfin de toutes façons le Japonais qui n'a pas l'air Japonais reste quand même super rare.


T35, 清滝寺, Kiyotaki-ji, où on peut faire de la spéléo dans la statue à l'entrée


T36, 青龍寺, Shoryu-ji


Le long de la côte sur une belle petite route




Pas vu ...


Donc il est encore tôt au T37, et je continue un peu sur le chemin du T38, qui y est à 94 km. J'arrive pour la nuit à 四万十, Shimanto, grande ville que l'on peut rejoindre aussi depuis Kochi en train express pour 8000 yens A/R, prix qui fait que les gens n'y bougent pas. Ca m'a fait bizarre de tomber sur une grande zone commerciale avec des magasins énormes, alors que je suis quand même presque au bout de la campagne de Shikoku. Je demande un onsen à une passante, Yamazaki-san, et on y va ensemble en marchant. Mais une fois arrivée devant, elle téléphone à son mari pour me loger, et je me retrouve avec repas + bain + lessive + futon + petit-déj. Elle habite avec son mari, qui distribue des journaux et livres en voiture dans les environs de Shimanto. Son bureau est au RDC et ils habitent au 1er. Mais il travaille tard le soir, donc elle dîne habituellement seule, et son mari quelques heures après, vu que le travail passe naturellement avant, même s'il est à quelque mètres. Elle me fait donc du riz de Kochi, particulier car le grain est pas entièrement débarrassé de son écorce. Comme partout au Japon, il y a le dialecte local, ici le 土佐, Tosa-ben, de l'ancien nom de la préfecture, dont elle me fait une explication. C'est encore pas le même que celui de 内田さん de y'a 2 nuits. C'est un dialecte rude, qui s'oppose aux mots gentils de la langue parlée à Tokyo, d'où est originaire son mari. Ca s'accorde avec ce qu'elle dit sur la région, où les femmes sont plus fortes que les hommes. Comme les précédents, elle me reparle de la guerre, des Etats-Unis en faux-amis, de la peur de la Corée du nord, et des jeunes japonais. Selon elle, ceux qui n'ont pas connu la bombe atomique ou qui n'ont pas entendu les histoires terribles de ses parents, sont insouciants et pas respectueux comme ils devraient l'être. Le Japon est quand même un pays très sûr, mais on entend souvent qu'il ne l'est plus du tout comme avant et que les homicides sont nombreux.



Jour 6 (T38 à T39, 143 km)



Après une bonne nuit au chaud, ils m'indiquent le chemin du prochain temple, avec de nombreux avertissements sur la grande montée pour le rejoindre, qui fait un trajet de 4h au lieu de 2. Finalement je l'ai pas trouvé cette grande montée, mais par contre tout plein de belles plages et d'endroits où l'eau était superbe. J'arrive rapidement à 足摺岬, le cap Ashizuri, l'autre corne de Shikoku, le bout du bout. Il y a vraiment rien ici, a part le T38, 金剛福寺, Kongofuku-ji, 2 marchands de souvenirs et des pèlerins par morceaux, dont un chinois et un américain.








Le phare de 足摺岬



T38, 金剛福寺, Kongofuku-ji. S'il n'était pas là, la boucle prendrait un jour de moins, mais on louperait les plus belles côtes de Shikoku.


Plus particulièrement dans ce coin, mais aussi tout au long du chemin, il y a souvent sur les bords des routes des petites cabanes à fruits ou légumes, que l'on peut prendre en mettant le prix correspondant dans la petite boîte qui va avec. C'est pratique pour les mikan (mandarines).






Une attraction touristique qui fait bizarre dans le paysage ...


L'explication de pourquoi il y a des tunnels partout : la sécurité. Celui-ci est creusé pour éviter un virage serré, qui n'avait pas grand chose de dangereux. Quand on dit que les Japonais vivent en harmonie avec la nature ...



Je longe la côte en remontant, passe au T39, puis continue encore un peu. Ca a l'air d'être une région à onsen, alors je continue jusqu'au coucher du soleil. Une fois arrivé près du T40, je demande un onsen à un papy qui promenait son chien. Alors qu'il m'expliquait depuis moins d'une minute que les onsen étaient trop loin, il m'invite directement à prendre un bain chez lui. Il habite une maison traditionnelle plutôt grande, avec jardin, et à l'intérieur, c'est une belle maison, avec grand écran plat et films à la demande, piano, grande salle de bain avec shampoing "lux super rich", toilettes grands come ma salle de bain, avec commandes électronique sur le mur et un écran qui affichait je ne sais quoi, surement l'analyse d'urine. Il travaille comme capitaine de bateaux, ca qui m'a fait pense que le petit gars avec qui je mangeais des fois le soir après les entraînements à Oshima, aussi capitaine, doit avoir plein de sous vu qu'il habitait le dortoir gratuit du shipyard. Peu après sa femme arrive, qui fait de l'aide à domicile pour personnes âgées. Je me suis senti vieux tout à coup, car elle parlait super fort en se penchant un peu pour être sûr que j'entende. Par contre elle parlait encore un dialecte où fallait que j'enlève la moitié des sons pour extraire l'information utile. Pour le dîner, elle prépare des sashimis de vrais poissons pêchés dans la mer. C'est des tai, pas connus pour être excellents en sashimi, mais ils m'apprennent que la plupart des poissons qu'on mange sont des poissons d'élevage. Par contre, pour une fois, on n'a pas parlé du tout des de la guerre. Elle me montre ensuite une technique du coin, le chakake. On pose les sashimis sur le riz dans le bol, on met un peu de sauce, et on fait couler l'eau chaude jusqu'à remplit le bol. Ce qui fait que les sashimis cuisent, en libérant le goût du poisson dans le riz, et c'est super bon. Pour dormir, je suis seul à l'étage dans une chambre 6 tatamis pour moi tout seul, avec peintures sur les portes, dans un futon énorme et moelleux.


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