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samedi 30 août 2008

Gobi (1) - Départ d'Oulan-Bator et nuit à Baga Gazriin Chuluu

Ce matin, c'est le grand jour. On part pour 9 jours dans le désert de Gobi avec le van de Sabina, celui qui tombe en panne tout le temps. Mais comme c'est un van russe (un UAZ-452, comme la plupart des vans ici), il se répare à l'infini s'il est équipé d'un chauffeur/mécano, comme le notre, Aluk (il m'a écrit son nom "ацурука" en cyrillique mongol et "Ariuka" en romain, mais ça correspond pas, et de toute façon chacun l'appelle différemment). Il faut espérer qu'on aura rien de mauvais. On paye $50/jour pour van + chauffeur, essence et nourriture du chauffeur non comprise. Déjà il fait beau, pas comme hier, c'est de bon augure.

Mes coéquipiers sont Marco, Martin, Adrian, Jessie et Rotem, on est donc 7 dans un van à 2 + 3 places. Pour les 2 en trop, il y a d'un coté un siège démontable de voiture, et de l'autre la caisse à nourriture recouverte de couvertures. On fera des rotations pour pas faire 10 heures de route d'affilée sur le même siège pourri.

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Dernière vue d'Oulan-Bator


La Team au complet


Nous voilà parti ! Et après 20 minutes de route, toujours dans UB, on s'arrête pour une première réparation. La porte avant droite, celle dont la manivelle ouvre-fenêtre est remplacée par une cordelette et un nœud, ne ferme pas, et c'est chiant. Alors que les portes du coffre se ferment très bien avec du scotch et des coups de pied.

Pause soudure


Peu après, deuxième arrêt obligatoire : on dépense 300000₮ en essence (le plus gros du budget, d'où l'intérêt de caser le plus de gens dans un seul véhicule), pour les 2 réservoirs du van et les 4 bidons sur le toit, de l'huile et des autres trucs.

Depuis la station essence en bordure d'UB, près de l'aéroport. C'est déjà le début du néant


On pack les bidons sur le toit et c'est parti pour de bon


Civilisation unwanted from here


Notre route nous fait grimper le versant de la colline qui ceinture UB dans sa vallée.

UB de loin


Après quelques kilomètres, on est déjà dans le néant, et on va vers le sud. On bifurque déjà de la route pavée pour prendre une piste en terre, traversée de temps en temps par des souris.

Mode Paris-Dakar ON



La piste est décuplée, puisque les voitures/vans prennent la meilleure jusqu'à ce que les creux soient trop profonds. A ce moment, on roule à coté, ce qui commence une nouvelle piste.

Une voiture jaune devant nous


Le paysage est déjà magnifique, avec des troupeaux de moutons et chevaux qui paissent tranquillement de part et d'autre des pistes.

Pause pipi + resserrage des bidons sur le toit qui sursautaient + étrange nuage


Déjà en terre désertée, on découvre des mâchoires de cheval dans les champs

Les bidons d'essence bougent sans arrêt sur le toit, donc Aluk va les fixer de temps en temps. La philosophie mongole, c'est du MacGyver à 100 yen : réparer un truc que quand il est vraiment mort, et le réparer juste assez pour pouvoir repartir.

Technique mongole pour refroidir le moteur qui chauffe trop


Donc c'est pas étonnant que y'ait toujours un truc qui casse. D'un autre coté, c'est jamais grave ni stressant, car il a l'habitude de tout réparer.

Re-pause resserrage des bidons sur le toit


Quand la piste est trop creusée, les pneus avant touchent la carcasse du van. Ca fait un gros bruit sourd, mais personne ne s'en inquiète. De la même manière qu'on se sert des cassettes audio pour maintenir l'entrée d'air ouverte sur le moteur, on en prend une autre pour fixer le toit ouvrant. De temps en temps la bande part au vent et il faut rembobiner la cassette. Ce dont on se passerait pour la cassette de throat singing, je pensais pas qu'on pouvait apprécier ça en conduisant …


Moutons


Il y a quelques gers (= yourtes) isolées, loin de tout, avec un Mongol à cheval et des animaux partout. A plusieurs, il faut 1h30 pour démonter une ger, et 4h pour la monter. Du nomadisme optimisé …


Plusieurs gros aigles (ou affiliés) majestueux se tiennent fièrement le long de la route. Même si on est dans un infini désertique, le paysage change souvent. Et au milieu du plat, juste après une petite bosse, on tombe sur un rocher énorme au milieu de rien.

C'est juste une montagne, mais on est émerveillés


Au pied de ce rocher, il y a un puits. L'eau est environ 10 mètres plus bas. On tire de l'eau pour remplir nos bouteilles et notre grand bidon bleu. Elle a comme le goût d'Hépar. On remplit aussi l'abreuvoir des chèvres qui se battent (avec nous) pour avoir de l'eau.

Le désert de Gobi était possiblement aux temps préhistoriques une grande mer intérieure. Ce qui expliquerait pourquoi on trouve plein d'eau dessous alors qu'il ne pleut presque pas (en moyenne, moins de 100 mm par an, soit 7 fois moins qu'à Paris)

Pause robinet




On prolonge la pause en grimpant sur le gros caillou à coté et en jouant au foot avec un crâne de cheval.

Maximum local


Dans la peau d'un crâne


Un truc super cool qu'on peut faire avec le van, c'est monter sur le toit. Le cul dans le pneu de rechange et les pieds coincés sous les rails, c'est pas plus inconfortable que le siège de couvertures sur la malle en bois, dos à la route, à l'intérieur du van. Et surtout, c'est un magnifique panorama 360° de vide, de beau … c'est spécial, il n'y a rien à voir, mais c'est absolument captivant.

Une fois le bruit du van filtré par le vent qui bouchonne les oreilles, c'est silencieux et c'est un autre univers.

Mongolie 360

Arrivée près d'un lac




Pour de vrai, c'est au moins beau comme ça



Nos premiers chameaux


Leçon évidente #1 : ne pas trop s'éloigner du van


Des panneaux au milieu de rien


Traversée de troupeau de chèvres, avec Marco sur le toit

Pour le premier soir, on arrive à Baga Gazriin Chuluu, qui est une formation montagneuse de granit, culminant à 1751 mètres (Oulan-Bator est déjà à 1150m). On se trouve une petite "crique" à l'intérieur des rochers rouges, un endroit merveilleux pour camper. On installe les tentes avant de grimper au sommet voir le coucher du soleil.

Notre campsite


Baga Gazriin Chuluu


Marco dans un nid d'oiseau qui doit être pas mal gros (on voit le van tout en bas)


Au sommet, pas mal fatigués par notre course pentue et périlleuse, on constate que le soleil s'est caché derrière une autre montagne pour se coucher … dommage.


Nos tentes dans Baga Gazriin Chuluu


L'écho depuis la cime est violemment puissant, on a plusieurs retours. On redescend avant la nuit pour cuisiner (enfin, pour faire du riz). C'est à ce moment, dans la pénombre, qu'une moto arrive avec 2 patrol guards qui viennent nous embêter. Un petit nerveux accompagné d'un colosse silencieux en habits mongols.

Ils s'engueulent une bonne heure ave Aluk en mongol. On ne comprend rien. Apparemment, les branches qu'on a utilisé étaient protégées et on n'a pas le droit de faire un feu avec, il aurait fallu prendre uniquement les branches mortes. Aluk dit qu'on a pas fait de mal, mais les gardes veulent nous mettre une amende, qu'on pourrait mériter, mais un peu farfelue quand même. Aluk les envoie chier plusieurs fois, mais ils restent à nous tourner autour. Ca se finit par la négociation d'une amende, 4000₮ (4$) par tête d'étranger, et ils nous donnent un joli reçu. Bref, ca leur fera 5 bouteilles de vodka …

Les gardes viennent discuter les brindilles qui brûlent pour nous extorquer une amende


Après cet évènement perturbateur, le dîner est pile prêt. Aluk ne mange pas ses tomates, car il est exclusivement carnivore. La Mongolie, c'est le pays anti-végétarien. Mais il mange quand même la moitié de son riz.

Pour un mois d'août, il ne gèle pas encore. Je m'endors dans tous mes habits, dans mon sac de couchage lui-même dans la tente, et ça passe bien.




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