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mercredi 27 août 2008

Le Transmongolien : Arrivée à Oulan-Bator



Episode précédent : Le Transmongolien : Partie 1/2


Il est donc 10 heures lorsque mon énergie récupérée me permet de quitter ma couchette. Je passe un long moment à la fenêtre pour me faire mes premières impressions de la Mongolie.

Plus de sable … on est dans une grande verdure


Mais tout aussi désertique


Un hameau-gare. Le chef de gare se tenait debout sur le parvis quelques dizaines de mètres en amont


Le journaliste photographe indépendant va faire 3 mois de vélo dans le pays, et il essaye de convaincre des gens de venir avec lui. Si j'avais su …

Le ciel est toujours pur, comme si le nombre de nuages était proportionnel aux nombre d'habitations croisées. Les paysages sont infinis, quelques vaches, chèvres, chevaux sont parsemés par-ci par-là.

Un vide immense



Mais imperturbablement, notre train suit ses rails


Le wagon restaurant a changé ! Il y a donc bien eu du boulot en gare d'Erenhot, mais j'ai rien senti. Le nouveau wagon est décoré à la mongole, c'est bien plus chouette, mais aussi plus cher.

Wagon restaurant du tronçon mongol


Le train que l'on a croisé dans la gare du creux d'un grand virage







Les Mongoles du wagon restaurant font leur compte. Elles ont toutes l'air plus lourdes que moi



Entrée dans Oulan-Bator


On arrive dans une zone bien habitée. Alors que l'arrivée à UB (raccourci pour Oulan-Bator, ou Улаанбаатар (Ulaanbaatar) en mongol) n'est que dans 2 heures, je me demande quelle ville ça peut être. En effet, sur les 3 millions d'habitants que compte la Mongolie, un peu plus d'un million vit dans la capitale. Les 2 autres grandes villes, Эрдэнэт Erdenet et Дархан Darkhan, font moins de 100.000 habitants. Pontarlier, avec 20.000 habitants, serait en Mongolie la 10ème plus grande ville.

En fait, c'est bien déjà UB, sa banlieue, car notre train arrive avec une bonne avance.

Sur le quai de la gare d'Oulan-Bator


Je suis récupéré par 2 Français qui m'emmènent chez Sabina en bus. Pour cela, on traverse la ville à pied.

Premier aperçu de la capitale mongole


Building le plus moderne en construction, capitaux coréens



C'est un peu pauvre et moche, pour une ex-capitale du monde. L'empire mongol, à son apogée à la fin du XIIIème siècle, était possiblement le plus vaste empire qui ait jamais existé. Il s'étendait de la Russie au nord jusqu'à l'Inde et le Vietnam au sud, de la Pologne et la Turquie à l'ouest jusqu'au Japon (exclus) à l'est. Une petite moitié du monde.

Paraît-il, les guerriers Gengis Khan, une centaine de milliers, qui avaient des quotas de civils à tuer, voyageaient avec 5 chevaux, et pouvaient donc conquérir pendant des semaines en ne survivant qu'avec le lait des juments et le sang sucé des veines des chevaux. Pour embellir la légende, on raconte aussi que l'empereur sanguinaire jouait au polo avec les têtes de ceux qui avaient osé le combattre. Et pour citer le LP, un test ADN sur le chromosome Y a révélé que plus de 16 millions d'hommes à travers l'Asie Centrale ont un ancêtre commun datant du XIIIème siècle. Connu pour sa soif de conquêtes en tous genres, Gengis Khan est le candidat idéal.

En moins de 100 ans, les Mongols conquièrent toute l'Asie


Si les Mongols n'ont pas conquis le Japon, c'est parce que lors de leur 2 attaques, en 1274 et 1281, les Japonais ont été sauvé par un terrible typhon qui a coulé la flotte ennemie. Un vent venu des Dieux, littéralement 神風 kamikaze.

Et si l'Europe occidentale n'a jamais été mongole, c'est encore dû à la chance. En 1241, ils arrivent jusqu'aux frontières de l'actuelle Pologne, mais deux chefs militaires, des fils du grand Gengis, meurent. La coutume veut que la noble descendance de Gengis Khan retourne en Mongolie pour élire démocratiquement un successeur. En 1259, ils remettent ça et arrivent à la frontière Egyptienne. Mais une fois de plus, ils ont fait demi-tour pour un enterrement.

Retour au XXIème siècle, on s'arrête prendre de la nourriture locale à emporter, et on prend le bus pour Yarmag, la banlieue dans laquelle habite Sabina, à 15 minutes, de l'autre coté du fleuve.

Welcome


On est accueilli par des petits chatons d'un mois. Ils ne sont pas nourris, mais survivent en trouvant de quoi manger dans les parages. C'est la première leçon de philosophie mongole, "bah s'ils meurent, c'est qu'ils n'étaient pas assez forts pour survivre". Philosophie qui ne s'applique pas qu'aux animaux, si bien que les enfants ne reçoivent pas de nom tant qu'ils n'ont pas passé leur premier hiver (et un hiver mongol, c'est rude). Anecdotes illustratives, une connaissance de Sabina, à la campagne, a eu 14 enfants. Sept ont survécu. Une autre, des parents ont un enfant trisomique de déjà 34 ans. Mais ils le battent et le font coucher dehors, pour montrer que ça n'est pas leur faiblesse affective qui le maintient en vie.


Un autre point de la philosophie est "pas besoin de laver, de toute façon ça va être re-sale juste après". Bon pour le corps humain et les habits. Faut dire qu'une douche ici, c'est de l'eau, éventuellement chauffée à la casserole, dans une bassine. Et l'eau, il faut aller la chercher au robinet du quartier, à 300 mètres, et la transporter dans des bidons. C'est 1 tugruk (1000₮ = $1) le litre. Il faut donc pas être fatigué pour l'avoir, sa douche. On est bien loin des onsen …

L'eau de la vaisselle sert ensuite pour les toilettes à l'occidentale. Les toilettes à la mongole, c'est beaucoup plus simple. C'est un grand trou recouvert de planches de bois. Et il faut viser entre les planches.

Enfin, ça c'est parce qu'on est dans une sorte de bidonville d'Oulan-Bator, qui rassemble les fermiers/éleveurs qui ont quitté la campagne. Dans la capitale, les conditions de vie sont bien plus faciles, il y a l'eau courante potable, des routes en béton et un cadastre. Mais à la campagne, il n'y a rien de tout ça et la vie quotidienne peut s'appeler de la survie.

Dans la yourte qui nous abrite



On entame nos victuailles, les 2 mets les plus rapides et populaires. A gauche, un хуушууp khuushuur. C'est une crèpe avec de la viande dedans (encore du mouton). A droite, des бууз buuz, des raviolis de viande de mouton. Très proche du 肉まん nikuman japonais. Les 2 sont très très gras. Et pendant un mois en Mongolie, je vais en manger des dizaines ...

1 хуушууp et 2 бууз


Ulaanbaatar vue depuis notre banlieue
Les trois yourtes d'en bas, face à la capitale


Instants mongols

Un couple de juges qui m'avaient pris en stop en Norvège m'ont dit qu'a la base de toute société, il faut 5 principes élémentaires. L'un d'eux est la fiabilité et l'incorruptibilité du cadastre, qui assure à chaque citoyen son droit de propriété. Mais pour un peuple nomade, je sais pas du tout comment ça s'applique. Dans UB, il y a des maisons et immeubles, c'est normal. Dans les steppes mongoles, une barrière est déjà une absurdité. Et dans notre banlieue, c'est moitié-moitié. Certains ont barricadé leur yourte, mais pas les derniers arrivants.

Une des centrales de la ville


Yarmag



Dans la soirée, on monte jusqu'à 20 CSers et invités, avec même des Japonais. Mais pas de bol, l'allemand et le polonais-russe restent les langues prioritaires.

Dès le coucher du soleil, il fait vite froid. La Mongolie est dans le prolongement direct de la Sibérie, et si le soleil n'est pas là, ce sont les vents sibériens qui affluent. D'où l'apparition du chauffage central très bon marché ХАРАА.

La Mongolie est un pays ou rien n'est prévisible, les choses arrivent quand elles doivent arriver. C'est ce que j'avais compris avant de partir, où c'est difficile d'avoir des certitudes sur ce qu'on va faire, à moins de payer très cher une agence de voyage pour étrangers riches.
Par contre, une fois sur place, les choses se décident. A peine arrivé, me voilà déjà embarqué dans une aventure : avec des gens qui attendaient d'autres gens pour ça, on forme une équipe de 6 pour partir dans le désert de Gobi et on part samedi. Il nous faut un van et des courses pour tenir 10 jours en autonomie. On fera les courses au Black Market demain.

UB by night


Le ciel est bien étoilé pour un ciel au dessus d'une capitale. Bonne nuit dans la yourte.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle grosse bourde sur cette page !... On doit dire le TRANSMONGOL, et non le transmongolien, voyons !... Ce train dessert la Mongolie, pas les trisomiques !...

jb a dit…

Quelle coïncidence !
L'article wikipedia.fr s'appelait "transmongolien", tout comme la quasi totalité des sites de voyages à ce sujet, jusqu'au 26 mars 2015, quand il a été renommé en "transmongol" par YANN92340. C'était il y a quelques heures ... Une sacrée coïncidence pour ce post datant de 2008 ;)