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mardi 11 décembre 2007

Les maiko de Kyoto

Parce qu'ici à Kyoto 京都 je n'ai jamais entendu parler de geisha.
On dit 舞妓 (maiko) pour une apprentie et 芸子 (geiko) après. Les noms ne sont complètement différents quand on s'éloigne de Kyoto (un peu comme tous les trucs vraiment japonais, il y a un vocabulaire particulier, qui peut varier suivant le sexe, l'âge, la région … Par exemple au sushi-ya-san, le gingembre est appelé par un autre nom, l'addition aussi). Je me demande toujours combien elles sont à Kyoto, peut-être une centaine, mais je n'ai pas eu confirmation.



智積院 Chishaku-in, un temple bien grand et éparpillé juste à coté de Sanjusangen-do



Pour devenir maiko-san, il faut faire une croix sur une vie normale toute tracée dès le collège. Si on entre au lycée c'est trop tard. A la place, il faut quitter sa famille pour entrer dans une maison d'un quartier de Kyoto où les jeunes filles seront hébergées et nourries, tout en apprenant les arts traditionnels tels que le shamisen, le service du thé, la danse, une solide culture pour pouvoir parler de tout, les bonnes manières, le bien-parler … D'ailleurs, à Kyoto, il est obligatoire de parler le dialecte de Kyoto 京都弁 de maiko, où entre autres on remplace です par どす. Par conséquent, les non-kyotoïtes qui désirent devenir maiko doivent apprendre une presque nouvelle langue.


今熊野観音寺 Imakumano Kannon-ji, au dessus de 東福寺 Tofuku-ji




Elles continuent leur formation dans la maison tout en s'occupant des clients qui contactent la mama, pendant une ou plusieurs années, avant de devenir 芸子 geiko. Je ne sais pas trop ce que ça change. Après, entre ce qu'il se passait dans l'ancien Japon et ce qu'il se passe maintenant, ce que l'on cache et ce que l'on veut bien dire, ce que pensent les Japonais et ce que pensent les étrangers, il y a suffisamment d'écarts pour que je puisse pas en dire plus ni croire les sites web.


Depuis un an que je suis à Kyoto, je les ai déjà vues plusieurs fois facilement, alors qu'elles sont entourées d'une sorte d'aura magique, un mélange de rareté et de profond respect. Ce qui se traduit généralement en japonais par un mitraillage à l'appareil photo. Ca doit être ça qui les fait marcher tête baissée rasant les murs, à fréquence élevée sur leur énormes sabots en bois.

Tout au début de l'année scolaire, 2 舞妓さん maiko-san étaient venues dans une annexe du laboratoire pour effectuer leur danse sous plusieurs caméras pour une expérience. Puis on les avait vues musiciennes et danseuses juste avant une cérémonie du thé pendant l'automne dernier, il y a tout juste un an. En regardant mes dossiers de photos, je me rends compte que j'en prenais presque pas, j'ai depuis pris un peu l'habitude (japonaise ?) de dégainer à chaque occasion.


Automne 2006, quelques photos inédites











Au début de cette année, on a aussi fait un 麦酒ホール à Ponto-cho. Apparemment les temps sont durs pour les maisons de maiko, et elles sont obligées de faire ça. Le gérant d'un salon en loue 2 pour 2 heures, et vend l'entrée 1000 yen à des clients normaux comme nous. Ainsi chaque groupe de client, en buvant une bière ou en allant sur le balcon voir la rivière Kamogawa, peut parler 5 min à la maiko-san qui se déplace de client en client. Ca passe super vite. On aura appris, en causant aussi à la mama qui surveillait de loin, que l'habillage qui parait compliqué ne dure en fait que 20 minutes, en tendant les bras et en laissant des autres gens s'en occuper. Et qu'après 20 ou 30 ans, ne pouvant plus être 舞妓 maiko, elles trouvaient pour la plupart un métier d'office lady, c'est-à-dire café et sourire, comme la majorité des femmes Japonaises qui décident de travailler.



Derrière les fenêtres c'est la rive de Sanjo des soirs d'été (photo piquée sur un blog japonais)



Ce week-end, on en a croisé pas mal en se baladant dans les quartiers ou les petites rues haut-niveau. Je dirais que c'étaient des vraies, même si je connais pas l'habit et la décoration exacte pour le certifier. Mais la façon de tenir ses mains devant son nombril et de montrer un visage inexpressif est quand même caractéristique. Et en cas de toute, si autour de la maiko il n'y a qu'un petit groupe d'amis banals, et pas une comète de papys et mamies équipés en gros objectifs ou bien un silence furtif, c'est que c'est peut-être un déguisement loué pour la journée.


Maquillage de fausse maiko pour tout le monde



Les 花街 (hanamachi) de Kyoto, 5 quartiers où travaillent les maiko-san. C'est d'ailleurs là qu'on les a vu ce week-end, à 先斗町 Ponto-cho, parallèle qui longe Kiyamachi, 祇園 Gion, et 宮川町 Miyagawa-cho, où on l'apercevait échanger des politesses dans l'entrée d'une maison, à travers la porte en piquets de bois.





En se baladant dans Gion avec Joseph, on tombe sur un attroupement pour une scène de cinéma dans laquelle jouent 2 maiko. C'est une scène à peu près idéale pour faire du Japon traditionnel, avec des maiko et une petite rue étroite dans le Gion conservé de Kyoto. Les mamies jouaient des coudes pour être au premier plan mais la prise a duré à peine 10 secondes.









Dans le prolongement de la rue de la scène, le sanctuaire Yasaka 八坂神社 et ses lampions, toujours fréquenté les soirs pour un vœu ou pour se rassurer sur son futur.


八坂神社 Yasaka-jinja




 Suite : Les maiko de Kyoto (2) 



 

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