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mardi 10 mars 2009

Yakushima Hiking (1) Introduction et départ à Arakawa

Tout sur Yakushima

Yakushima Hiking白谷雲水峡 Shiratani Unsuikyo Yakushima Tour
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Me voilà donc fraichement débarqué sur l'île de 屋久島 Yakushima et sous une douche tropicale. Yakushima est une île '"au bout du Japon", mais, au contraire de Tanegashima, loin d'être épargnée par les touristes. Elle est très célèbre car 107 des 505 km² de ce rond de terre émergé sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ils accueillent des spécimens très vieux de 屋久杉 yaku-sugi, le cèdre de Yakushima, des cerfs, des singes, et une végétation luxuriante grâce au climat particulier de l'île, différent de tout le reste du Japon. A Yakushima, on entendra (et pourra constater) qu'il pleut 35 jours par mois.

Yakushima de loin



Yakushima de près


Voir sur Google Maps

Comme on le voit sur la carte, c'est un vrai massif montagneux circulaire, qui culmine à 1936 mètres (宮之浦岳 Miyanoura-dake), planté dans la mer. Son atmosphère intérieure a inspiré Hayao Miyazaki pour les décors de Princesse Mononoke. Je m'y suis rendu pour une immersion dans la nature magique, alors j'espère bien que je vais avoir un peu de beau temps.

A cause de mon changement de ferry de dernière minute, je débarque au petit port de 安房 Ambo, sur l'est de l'île, au lieu d'arriver par le port principal, 宮之浦 Miyanoura.

A 安房 Ambo, du port au village


Parmi les 13.000 habitants de l'île, on peut considérer qu'Ambo en a environ 1000. Mais il y a un petit office du tourisme, car Ambo est un bon point de départ pour se perdre dans la montagne. Pendant mes quelques minutes de marche, le vent souffle la pluie sous mon parapluie et j'arrive un peu trempé. La grand-mère au tourist information m'accueille alors par un "no" d'effroi ...

- "Nooooo … no no no !"
- "No what?"
- "No …. no English!"

... enfin, juste l'accueil classique reçu par une tête d'étranger dans un endroit qui n'a pas été prévu pour les étrangers. Mais finalement elle a plein d'information sur l'île et des cartes pas trop mauvaises, je vais pouvoir tout faire sans acheter une vraie carte.

Yakushima peut être considéré comme un disque de 25 km de diamètre et de 130 km de périmètre (carte). Il n'y a qu'une vraie route, celle qui fait le tour. La zone habitable est une bande d'au maximum 1 km de large, coincée entre les hautes montagnes et la mer. Le point culminant, 宮之浦岳 Miyanoura-dake, 1936 mètres, est à peu près en plein centre, et je me prépare un itinéraire de 3 jours / 2 nuits, partant d'Ambo, empruntant les chemins des trucs à voir, passant par le sommet, et redescendant dans le sud de l'île. La dame m'informe que les 2 prochains jours seront ensoleillé (chance !), mais peut-être pas le 3ème, et donc que mon itinéraire sera peut-être à changer. En effet, les hauts pics de l'île interceptent les nuages du pacifique qui se déversent complètement et les multiples rivières coupent les chemins de randonnée.

Itinéraire sur mesure : Départ Ambo, en bus bleu, puis à pieds rouges à travers les sommets, et retour à Onoaida



La suite, c'est de trouver ou dormir le soir, sur cette éponge. Me rappelant d'un profil CS vide sur le village, je vais tenter ça, mais il me faut internet. Le seul endroit disponible, c'est le Green Hotel, à 20 minutes à pied du village, qui a internet pour ses clients, mais qui veulent bien me laisser l'utiliser. Le vent souffle de plus en plus fort, tord mon solide parapluie et la pluie horizontale achève les derniers coins secs de mes habits.

Pour contrer tout ça, la magie CS répond à ma requête et Kenji vient me chercher 10 minutes plus tard et nous voilà au sec, dans sa jolie grande maison en bois à Hirano, un hameau au sud d'Ambo. Il paye le loyer 4 man, ce qui est plutôt cher pour le coin, où c'est plutôt 1 ou 2 man (75 – 150 euros la maison de bien 80 m²). Rien à voir avec une ville japonaise.

Après une petite séance de kotatsu, on s'en va manger dans un petit resto d'Ambo. Pour 1500 yen, le teishoku est vraiment luxueux. Le luxe à la japonaise, c'est la fraîcheur et l'authenticité des produits, il coûte naturellement moins cher à la campagne qu'à la ville, et pour une meilleure qualité.

Le poisson principal du menu, c'est le トビウオ (飛魚) tobiuo, en français l'exocet, le poisson volant. Une spécialité de Yakushima.

Un teishoku volant


En haut à gauche, c'est le tobiuo en shioyaki, et en bas à droite en, en sashimi, avec d'autres poissons. Sur le plateau, il y a aussi du surimi, des tsukemono, une sorte de coquillage (à la fois en cru et en cuit), des racines de trucs, et le plus étonnant, des カメノテ (亀の手) kame-no-te. Littéralement, kame-no-te signifie "patte de tortue", mais en français ces coquillages sont appelés pouce-pied. En retirant le "doigt" de "l'ongle", on laisse apparaître une langue visqueuse qui sort de "l'ongle". Et c'est ミアム.

Des カメノテ kame-no-te



Après ce délicieux repas, on file au combini, perdu sur la route du périmètre à 15 minutes de voiture, faire mes courses pour mon expédition dans la montagne. C'est encore une chance, il est 21h55, et le conbini ferme à 22h. Par contre, avec du chocolat, du "pain" japonais et des boites de thons, ça ne sera pas un grand festin …

Puis un petit café avec Dai au San Pauro, et on se rentre sous un ciel découvert. Bien qu'assiégés par le déluge quelques heures plus tôt, on voit même les étoiles ce soir. De bon augure pour la suite …



Le lendemain, debout à 5h, pour chopper le bus à 5h44 qui va m'amener d'Ambo au départ du 荒川 Arakawa trail, pour 670 yen et un peu moins d'une heure. Je retrouve dans ce bus un gars qui s'était pointé aussi trempé à l'information center la veille, et qui est aussi de Kyoto, habitant à Demachiyanagi (l'arrêt de train de l'université).

Le bus arrive à son terminus, 荒川口 Arakawaguchi, et le mythe de la nature immaculée dans la montagne sacrée s'effondre. Il est 6h30, le jour est à peine levé et le petit parking déborde de grosses voitures de Japonais qui se préparent à grimper. On est pourtant un mardi matin du mois de mars, tout juste au renouveau de la saison de grimpette. Rien que d'imaginer cet endroit pendant la golden week ou le obon, ça fait pleurer.

Départ du trail à 荒川口 Arakawaguchi

Précieuses cartes : schéma précis des routes avec kilométrage et temps (à diviser par 1,5 pour qui a des jambes occidentales)


Précieuses cartes : croquis des pics du sommet et de la route d'荒川 Arakawa


Départ : les Japonais font des échauffements avant de ... marcher


La route d'Arakawa est facile puisqu'elle suit en fait l'ancienne voie ferrée. Pourtant, parmi tous les touristes, jeunes et vieux, nombreux sont les groupes qui louent un guide (12000 à 15000 yen par personne). Le chemin est faisable en tong, et guide sur Yakushima est un boulot extrêmement paisible et ne nécessite qu'un peu de connaissances sur la nature de l'île.

C'est parti – sous des conditions climatiques idéales – à 600 m d'altitude



Premiers instants spéléo




C'est super humide et super chouette


Le soleil sort enfin sa tête entre les montagnes


Y'a quand même des passages où il ne faudrait pas glisser







Les randonneurs se disent bonjour en se croisant, alors qu'ils ne se connaissent pas. On est vraiment pas au Japon normal …




Il y a beaucoup de ruisseaux partout et des gros rochers pas communs


Photos et ancien site de 小杉谷, maintenant déserté


Ce village, qui a compté jusqu'à 540 habitants en 1960, avec bureau de poste et coiffeur, était destiné aux bucherons qui extrayaient le bois des forêts.




Les célèbres cèdres de Yakushima, les 屋久杉, sont absolument gigantesques


Puis, à Kusugawa-wakare (720 m), je quitte mon co-hiker de Kyoto pour faire un petit détour de 2 heures, jusqu'au point de vue de 太鼓岩 Taiko-iwa, le rocher-tambour, point de vue décrit par Kenji comme le plus beau point de vue d'après les locaux.

Déjà un peu plus tranquille et sauvage



Abri naturel


L'eau potable sort des pentes à plusieurs endroits



辻峠 Tsuji-toge, le col de Tsuji, à 979 m.


Du haut de la 太鼓岩 Taiko-iwa


Un guide présent au même moment me dit que c'est rare que le ciel soit aussi dégagé.


Panorama de la vallée du trail d'Arakawa, partant de la gauche. Les sommets sont à droite


Quand je reviens sur le chemin principal, tous les groupes et les guides sont déjà passés, je peux donc profiter tranquillement de la montée. Comme au Japon tout le monde fait pareil au même moment, on passe souvent du pire au mieux d'un jour à l'autre, et parfois en quelques minutes.

Toujours des gros narbres


Nature wins


Un 三代杉 Sandai-sugi : 3 générations en un


Il y a beaucoup de ces arbres multi-troncs dans la forêt. Pour celui-ci, un cèdre a poussé il y a environ 1200 ans, puis s'est éteint naturellement. Il y a 1000 ans, une seconde génération a poussé par-dessus les restes du premier tronc. Puis, il y a 350 ans, ce second tronc a été coupé pour utilisation humaine. Et un troisième a repoussé. Donc on voit sur la photo 3 générations de troncs imbriqués, seule la 3ème couche étant vivante.

Voyage au cœur d'un cèdre double-entrée

Le chemin continue de serpenter autour de la rivière qui a creusé la vallée




Certains arbres ont reçu un petit nom. Celui-ci est le 阿形 A-gyo du couple de 仁王杉 Nio-sugi. Un peu plus loin, de l'autre coté d'un ravin, on trouvera le 吽形 Un-gyo, en référence aux 2 divinités protectrices, les 仁王 Nio.

仁王杉 Nio-sugi, 阿形 A-gyo



Puis, au détour d'un virage, je surprends un bourdonnement d'excitation d'un groupe de Japonais, tous avec l'appareil photo dégainé.

Ah, ca sent le kawaii quelque part …


Et voilà, bébé shika, au top 3 des choses les plus kawaii du monde après un bébé panda et une peluche rose


Il y a des cerfs partout sur l'île, et pas farouches du tout.

Vue sur 翁岳, 1826 mètres


On arrive alors à la fin de l'ancienne voie ferrée, il fait 910 mètres d'altitude. C'est là qu'on fait une dernière pause pipi et qu'on range les tongs.

Toilettes écologiques



Il n'est que midi, la suite du trail, c'est ici ...


Cette aventure est un épisode du Yakushima hitchhiking trip

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